24 juin 2021

CinéZone | James B. Harris - Aux postes de combat (1965)




Fervent démocrate, Richard Widmark est pourtant apparu dans de nombreux films anti-rouges qu'il a même d'ailleurs parfois produits ! Le port de la drogue (1953), Le démon des eaux troubles (1954), La chute des héros (1957) ou Le dernier passage (1961) ne trahissent donc pas son engagement jamais démenti pour le camp progressiste. S'inscrivant dans le contexte politique particulièrement tendu né de la cris de Cuba (1962), il serait tentant de compléter cette liste avec Aux postes de combat mais en réalité il s'agit au contraire d'une charge sans concession contre les va-t-en-guerre cherchant à tout prix l'affrontement avec l'U.R.S.S.. Widmark y tient un rôle totalement opposé à ses propres convictions, capitaine d'un destroyer américain autoritaire et désagréable que son obsession du péril soviétique pousse à la folie. En dénonçant les dangers de confier l'arme nucléaire à des militaires dont le patriotisme confine à la démence, The Bedford Incident se rapproche évidemment du Dr. Folamour (1964) de Stanley Kubrick auquel il oppose cependant un ton résolument grave quasi documentaire. Le fait que James B. Harris, dont il s'agit de la première expérience en tant que metteur en scène, ait produit L'ultime razzia (1956), Les sentiers de la gloire (1958) et Lolita (1962) de ce même Kubrick, explique peut-être pourquoi Widmark, producteur du film, l'ait engagé pour mener à bien le projet. A aucun moment, le spectateur nourrit l'impression d'avoir à faire au travail d'un puceau de la caméra. Au contraire, Harris excelle à filmer ces coursives étroites, cette salle de commande où une tension paroxysmique se noue, aboutissant à l'apocalypse tant redoutée, dont on voit peu à peu les inexorables rouages se mettre en branle dans un climat de plus en plus fiévreux. La modestie du budget dicte au réalisateur un métrage nerveux, aux cadrages habiles et que le noir et blanc pare d'une dimension réaliste. Au vu de ce coup d'essai parfaitement maitrisé, on ne peut que juger décevante la carrière de James B. Harris qui ne signera que quatre autres films entre 1972 (Sleeping Beauty) et 1993 (Extrême limite) et d'où n'émerge vraiment que Fast Walking (1982) avec James Woods. Secondé par son ami Sidney Poitier ainsi que par Martin Balsam, Eric Portman en ancien capitaine de la Kriegsmarine et un jeune Donald Sutherland, Richard Widmark trouve dans Aux postes de combat un de ses derniers grands rôles au cinéma (avec Police sur la ville et Quand meurent les légendes) avant de sombrer bientôt dans des productions indignes de son talent ou de jouer les guest stars de luxe...  (vu le 30.01.2020) ⍖⍖⍖



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