5 mai 2021

KröniK | Sólstafir - Endless Twilight Of Codependent Love (2020)




Sólstafir n'a pas attendu que l'Islande devienne à la mode pour se faire remarquer. Sculptant au départ un black metal viking de facture plutôt classique, c'est en s'éloignant de ses racines extrêmes mais en conservant son aura volcanique que la formation emmenée par Aðalbjörn Tryggvason, chanteur, guitariste et accessoirement dernier membre historique, a finalement forgé son identité. Celle-ci est aisément reconnaissable, basée avant tout sur cette voix aussi magnétique qu'expressive, presque théâtrale à sa manière plaintive mais rageuse, et sur une écriture épique aux allures de coulée de lave. L'art noir originel a peu à peu cédé la place à un post rock aérien et bouillonnant, étrange sinon furieusement barré sur Masterpiece Of Bitterness (2005), plus sage à partir de Ótta (2014) mais non moins fascinant. Berdreyminn, son successeur, a toutefois déçu, n'imprimant dans la mémoire que de vagues souvenirs. Les Islandais commenceraient-ils à épuiser leur fulgurante sève ? Endless Twilight Of Codependent Love était donc fortement et fébrilement attendu. Quelle en serait sa teneur ? Malin, Season Of Mist a annoncé un album embrassant toutes les facettes musicales du groupe, description facile qui ne veut souvent rien dire. Une fois ce septième effort digéré, nous voilà quand même rassurés. Il n'est pourtant pas certain que les déçus de son prédécesseur retrouvent foi en ses géniteurs. 

Si l'empreinte de Sólstafir demeure bien entendu prégnante, source de compositions dont l'origine ne fait aucun doute, au risque de sentir le réchauffé, comme l'illustre 'Dyonisus', (trop) typique du groupe, Endless Twilight Of Codependent Love témoigne malheureusement d'une propension à la mollesse qui n'accouche pas des meilleurs moments du disque. Ainsi, le sommeil nous guette lors des 'Her Fall From', 'Til Moldar' voire aussi pendant un 'Alda Syndrana' cependant plus appuyé, titres qui confondent douceur et nonchalance. Taillé dans le même bois de chauffe, 'Rökkur' envoûte davantage par sa gravité mélancolique et les effluves électroniques qui s'en échappent. S'ouvrant sur l'immense 'Akkeri', dans l'âtre duquel brûle l'essence du Sólstafir que l'on chérit tant, mais qui reflète mal un menu plus porté sur les atmosphères indolentes que sur les flamboyances embrasées, on peut comprendre que ce nouvel album laisse sur leur faim de nombreux fans. Pourtant, outre le fait que, à l'autre bout du chemin se dresse également le tout aussi monumental ' Úlfur', en tout point digne des morceaux de bravoure de jadis, il faut laisser à cet opus le temps d'infuser car sous la lenteur tranquille de la majorité de ses chansons vibre toujours cette beauté magmatique propre au groupe, à l'image de 'Drýsill', alliance faussement doucereuse du feu et de la glace. Sans oublier ce 'Or' pour le moins curieux, qui démarre sur un air de blues avant de voir ses traits se durcir, devenir granitique et s'envoler lors d'un final bouleversant. Certes, tout n'est donc pas très réussi sinon inspiré dans Endless Twilight Of Codependent Love mais les deux sentinelles qui l'encadrent justifient à elles seules son écoute. Et amplement. Et plutôt deux fois qu'une. Sans se hisser au même niveau que la triplette Masterpiece Of Bitterness / Köld / Svartir Sandar, l'œuvre exsude plus de charme que sa devancière tout en s'inscrivant dans la continuité tant artistique que qualitative de Ótta. (28.11.2020 | MW) ⍖⍖⍖

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