17 mai 2021

KröniK | My Dying Bride - Macabre Cabaret (2020)




Alors que, depuis dix ans, il se montrait plutôt avare de sa funèbre semence, laissant même filer cinq trop longues années entre Feel The Misery (2015) et son dernier album en date, My Dying Bride semble désormais renouer avec une inspiration plus fertile que jamais. Ainsi, quelques mois à peine après avoir enchanté les doomeux avec The Ghost Of Orion, les Anglais sont étonnamment déjà de retour avec sous le bras Macabre Cabaret ! Certes, il ne s'agit que d'un EP mais, outre le fait que sa durée franchit quand même la barre des vingt minutes au compteur (pour trois titres), l'obole ne saurait être négligée. Survenant si peu de temps après son devancier, il serait tentant de voir en elle, au mieux le simple complément de The Ghost Of Orion ou, au pire, l'agrégat de compositions restées sur le carreau car trop faibles et rassemblées dans un but uniquement mercantile (car il y aura toujours des fans pour mettre la main au porte-monnaie). En réalité, Macabre Cabaret n'est ni l'un ni l'autre parce que, d'une part, il arbore un visage bien différent de son prédécesseur et d'autre part, son menu ne saurait se confondre avec d'obscures chutes de studio. De toute façon, connaissant leur inoxydable exigence, nous imaginions mal les Britanniques se compromettre dans un produit au rabais ! 




Le gros morceau, à tous les points de vue, de cet opuscule réside dans la pièce longue de dix minutes qui lui donne son nom, lente procession qui surprend à la fois par son approche presque romantique et par l'importance que le chant clair de Aaron Stainthorpe occupe, même s'il ne se prive pas de parcimonieuses descentes d'outre-tombe. Les claviers liturgiques, qui répandent un suaire brumeux, dominent tout du long tandis que la basse de Lena Abé résonne comme jamais, muselant quelque peu les guitares. Pour toutes ces raisons, 'Macabre Cabaret' n'affiche que timidement la signature de My Dying Bride, ce qui ne le rend pas moins superbe. Plus ramassé quoique tout aussi apathique, 'A Secret Kiss' s'enfonce davantage dans les caveaux d'un doom sentencieux et misérable pour un résultat plus conforme à ce qu'on attend des Anglais avec son atmosphère victorienne et ses lignes de six-cordes sculptées dans une roche froide battue par le vent et la pluie. Quasi instrumental (la présence contrite d'Aaron se limite à de rares interventions parlées), 'A Purse Of Gold And Stars' est, pour sa part, irrigué par un piano aux notes funéraires d'une absolue et bouleversante tristesse qui semble s'être échappé de la bande originale d'un film d'horreur gothique, impression renforcée par une orchestration puissamment cinématique. Bien loin de l'objet produit à la va-vite, Macabre Cabaret séduira bien sûr les fidèles qui collectionnent toutes les miettes de My Dying Bride mais aussi plus généralement tous les amateurs d'un doom aux lueurs victoriennes que ces vingt minutes envoûteront assurément. Les Anglais y confirment une forme effrontée et une inspiration qui ne semble pas prête à se tarir, prouvant qu'ils demeurent les patrons de la chapelle doloriste de la Perfide Albion. (05.12.2020 | MW) ⍖⍖⍖


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