8 mai 2021

KröniK | Distortion Ride - Burning Waves Of Silence (2020)




Les mots ont toujours un sens. Ainsi, quand un groupe choisit pour nom Distortion Ride, cela sent bon le gros stoner velu plein de sueur et de fuzz. Il est vrai que ces Toulousains aiment le son gras comme un cassoulet et les guitares humides de feeling et noyées sous les effets. Ils sont également fidèles à un esthétisme trempé dans un psychédélisme sexy. Tout ça pourrait effectivement faire du trio un énième rejeton de ce rock burné taillé pour les routes goudronneuses. Ce qu'il n'est pourtant pas - pas tout à fait du moins. De rock, il est bien question ici mais plus bluesy que sabbathien. Du psychédélisme, il y en a aussi mais fleurant plus le progressif que la pipe à eau (quoique). Ancrage dont témoigne la présence de Andy Jackson (Pink Floyd) qui a masterisé le premier album du combo. Bref, Distortion Ride sculpte avant tout la roche d'un hard rock bourru aux racines blues. Que le groupe ait retenu la forme du power-trio ne trompe d'ailleurs pas, évoquant les fantômes de Cream ou du plus méconnu West, Bruce & Laing. Après une petite cartouche éponyme déjà de bonne mémoire, Burning Waves Of Silence déboule pour près d'une heure de plaisir chaud et décontracté. S'ils respectent la tradition de l'amorce coriace avec un 'Going Down' sec et sans fioriture, entame sympathique mais vite oubliée, les Frenchies ont en réalité bien plus de choses à dire, ce que les sept autres saillies se chargeront d'affirmer. 


Et ça commence avec l'énorme 'Bringer Of Night' et sa monstrueuse intro d'où s'écoule une wah-wah poisseuse. Lancinant, le tempo se révèle plus vicieux que pépère, les morsures de la guitare sont lourdes, chargées d'une semence bluesy. A l'exception du titre d'ouverture et d'un 'Cold' aux allures de ballade déglinguée qui permet à nouveau à Matt d'ouvrir les vannes d'un feeling désespéré, les compositions prennent leur temps, n'hésitant parfois pas à tutoyer les dix minutes. Tel est le cas de 'Burning Waves Of Silence', pièce furieusement progressive dans son élévation lente et orgasmique. Tel est aussi le cas de 'Stardust', instrumental moelleux qui file doucement vers les étoiles. Les Toulousains passent rarement la seconde ou alors le temps d'une accélération fiévreuse. Ce qui ne les empêche ni de se lancer dans une espèce de reggae jouissif ('Where The River Ends') ni de mettre le feu aux poudres avec le sudiste 'Gimme One More Beer' et son ambiance de highways goudronneuses et de bastringues enfumés. En dépit d'un chant rugueux parfaitement adapté, on devine que l'essence de Distortion Ride macère dans les profondeurs instrumentales de ces compos généreuses, qui ruissellent de joyaux et de beauté qu'incarnent autant ce 'Night Of The Black Snow' au final ouaté que toutes ces éruptions de guitare parfois nerveuses, toujours sensuelles. L’EP originel était sympathique et prometteur mais Burning Waves Of Silence dévoile un groupe au talent et à l'inspiration encore plus puissants, déployant une signature aux multiples nuances, refuge aussi étonnant que jouissif d'un hard rock bluesy épais et juteux. Il faut découvrir Distortion Ride et garder bien au chaud son nom dans la mémoire car nous n'avons assurément pas fini d'entendre parler de lui !  (29.11.2020 | MW) ⍖⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire