10 mai 2021

KröniK | Anomalie(s) - Dies Irae (2020)




Peut-être vous souvenez-vous de Fréquence Sombre, auteur en 2016 (déjà !) d'un EP, Vulnerant Omnes Ultima Necat, prometteur mais  depuis resté sans lendemain. Malheureusement. C'est donc avec plaisir que nous croisons aujourd'hui un de ses trois membres aux commandes de Anomalie(s). Le projet n'en est pas à son coup d'essai puisque deux premières échappées, La chute de Prométhée (1918) puis ... Et la nuit nous dévore (2019) ont déjà vu le jour mais nous n'ignorions pourtant son existence jusqu'à ce que Dies Irae frappe à notre porte. Premier contact avec cette entité solitaire, la pochette évoque un contenu aux couleurs spatiales bien loin de l'univers un peu crasseux de Fréquence Sombre. Point de stoner doom à l'horizon donc mais un art hybride aux confluents du post rock, de l'ambient et de l'electro, le tout enrobé d'une dimension presque cinématographique ('La prophétie des parias'). Pour autant, Anomalie(s) partage plus avec son ainé qu'une forme instrumentale identique puisque une même créativité, à la fois foisonnante et énergique, les relie l'un à l'autre. Immersif et bourgeonnant, Dies Irae grouille d'excellentes idées, de mélodies entêtantes capables de vous hanter longtemps après que l'écoute se soit tue, à l'image de la piste qui lui donne son nom, lente procession dans un univers mystérieux. Encadré par un prologue et un épilogue, l'opus palpite d'une évidente force narrative, débobinant une trame aux accents parfois dramatiques (le superbe 'La genèse'), le plus souvent lumineuse ('La fin est proche'). Par sa grande variété de touches et de traits qui le voit sauter de la pure musique électronique ('Anthropocène') au rite chamanique ('Project Chaos') en faisant un détour par un Orient mystique ('Ainsi parlait Zarathoustra', aussi désespéré qu'envoûtant), l'album peut sembler décousu sans ligne directrice précise, agrégat de pièces à l'inspiration trop éparse pour ériger un ensemble cohérent, un peu comme si leur créateur avait voulu réunir en seul disque toutes les idées lui traversant l'esprit. Pourtant, outre le fait que chacune de ses parcelles irradie une sève fulgurante, Dies Irae suit une progression qui commande la teneur plurielle d'une palette sonore toute entière enveloppante. Toutes les pistes constituent ainsi les étapes successives d'un périple intérieur aux allures de quête universelle et métaphysique qui détermine ses sonorités de plus en plus cosmiques et rituelles au fur et à mesure que l'écoute file vers une issue qu'on devine insaisissable. Ouverte vers un autre monde... Brassant de multiples influences que son auteur devra malgré tout apprendre à digérer, Dies Irae est une création aussi modeste que fascinante et Anomalie(s), une belle découverte qui sonne comme la promesse de trésors plus beaux et énigmatiques encore...  (30.11.2020 | LHN) ⍖⍖⍖

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