1 mai 2021

CinéZone | Stanley Kramer - Jugement à Nuremberg (1961)




En 1947 se tient le Procès des juges, tribunal chargé de juger les hommes, juristes, ministres de la Justice, qui ont aidé à l'application des lois du IIIème Reich. Réalisé quatorze ans plus tard, Jugement à Nuremberg s'en inspire clairement. Mais il était permis craindre le pire de cette entreprise car, metteur en scène très surestimé (La chaîne, Le dernier rivage, Un monde fou, fou, fou et surtout La théorie des dominos se laissent toutefois sans déplaisir), Stanley Kramer n'est pas franchement réputé pour sa finesse tandis que le choix de convoquer à la barre des vedettes telles que Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Montgtomery Clift, Marlene Dietrich ou bien encore Judy Garland, se révèle contestable en cela qu'il ne peut que nuire à l'authenticité du récit. Ajoutons à cela une durée qui voisine avec les trois heures de pellicule et c'est peu dire que Jugement à Nuremberg ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. A tort pourtant car à l'arrivée, Kramer réussit à nous tenir en haleine, miraculeusement loin de l'œuvre lourdingue et peu crédible redoutée et ce, quand bien même certains effets et jeux appuyés des comédiens (Mongtomery Cligt en tête et pourtant nominé à l'Oscar) ne nous sont pas épargnés. Ceci étant, Jugement à Nuremberg revêt avant tout une importance plus historique que cinématographique en ce sens qu'il rappelle à la fois qu'en 1947 (époque où l'histoire se déroule) ces procès n'intéressent personne et qu'en 1961 (année du tournage du film), le contexte est tout autre, Guerre Froide oblige, transformant les ennemis d'hier, les Allemands, en alliés d'alors, face au joug communiste tandis que nombre d'anciens Nazis sont même enrôlés par les Etats-Unis comme espions ! Enfin, le long-métrage de Stanley Kramer (américain d'origine juive), surprend par son refus de tout manichéisme au point de rendre même plus sympathique l'avocat de la défense (formidable Maximilian Schell) que le procureur. De même, le fait que les Américains aient eux aussi du sang sur les mains (destruction des villes allemandes au prix de populations civiles, bombardement de Nagasaki et d'Hiroshima), n'est pas occulté.  Intelligemment, il interroge sur la notion de responsabilité, celle des juges et au delà celle du peuple allemand et du monde en général, dévidant un puissant réquisitoire contre la communauté internationale qui a refusé à la République de Weimar ce qu'elle concédé à Hitler (l'annexion des Sudètes, la remilitarisation de la Rhénanie...). On en vient à se demander si un tel film pourrait encore être tourné à l'heure où l'on en est à juger les plus obscurs et insignifiants gardiens de camps et où le passé n'est ausculté qu'à l'aune de notre époque et de nos obsessions... (vu le 27.12.2020) ⍖⍖⍖

La théorie des dominos (1977)




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