Ungod fait partie de ces stakhanovistes qui ne peuvent se contenter d'un seul projet à lutiner. Ayant le black metal chevillé au corps, le Grec multiplie les aventures, de Necrohell à Kvele, de Obsecration à Slaughtered Priest. Le résultat est logiquement une discographie bordélique épaisse comme le Bottin, dont les albums de Sad, duo qu'il anime avec son compère de misère, Nadir, remplissent en fait une bonne partie. On ne compte ainsi plus leurs offrandes noyées au milieu de splits par palettes entières qui les voient copuler avec tout ce qui rampe au sein de l'underground (Eindig, Domos, pour citer les plus récents avec lesquels ils ont croisé le fer). Mais, à leur modeste mesure, les deux bougres confirment qu'il existe bel et bien une magie dans le true black qui permet bien souvent aux méfaits du genre d'échapper aux critères habituellement de mise pour juger la valeur d'un album. Comme bien d'autres, les Athéniens sont prisonniers de ces vocalises écorchées et de ces riffs aux allures de scalpels rouillés qui taillent dans la peau des stigmates obsédants, déjà entendus mille fois avant et ailleurs. Pourtant, ça marche. Question de foi plus que de raison donc.
Et Misty Breath Of Ancient Forests ne déroge pas à la règle. Du titre à la pochette qui fleurent bon les forêts lugubres et éternelles, en passant surtout par ces compos au son bien cru sculptées dans le bois de l'ancêtre Dodsferd, ce septième effort longue durée ne transpire aucune originalité, semblables à tant d'autres et surtout à ses prédécesseurs. Mais ce n'est donc pas si grave car Nadir (chant) et Ungod (tout le reste) s'y entendent décidément pour ruminer cet art noir sinistre et glacial comme pas deux et ce faisant, capturer le souffle nocturne de paysages macabres englués dans l'hiver. Biberonné au Katatonia séminal (le meilleur), le multi-instrumentiste maîtrise jusqu'au bout de ses ongles sales, la science du riff entêtant aux allures de balises perçant la nuit, témoin ce 'White Death' dont l'accroche semble s'être échappée de Brave Murder Day. Reste que les effets de cette diarrhée frénétique secouant le groupe qui crache sa semence par sceau entier chaque année que dieu fait, commence forcément à se ressentir et, au cas particulier, à poisser ce Misty Breath Of Ancients Forests. Moins pour ses airs de déjà entendus tenaces que pour sa tendance à tourner quelque peu en rond. De jubilatoires saillies, telles 'Hellish Ride', 'Self Hatred' ou le précédemment cité 'White Death', toutes les trois lacérées par de venimeuses griffures, en côtoient ainsi d'autres plus quelconques, à l'image du diptyque qui donne son nom à l'album et ce quand bien même, il y a toujours ces coassements inaudibles et ces morsures mélodiques qui jaillissent dans la nuit ('Enjoy Your Pettyness', Hades Gazing'). En bref, Sad fait ce qu'il sait faire de mieux avec ce Misty Breath Of Ancient Forests dont pas un centimètre carré n'est pas déjà connu mais auquel il est pourtant bien difficile de résister lorsqu'on est sensible à ce true black évidemment gelé et lugubre comme il se doit. (12.11.2020 | LHN) ⍖⍖⍖
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