30 avril 2021

KröniK | Baume - Août approche (2020)




Arrimés au black metal, les divers projets auxquels participe Gaetan Juif, peinent en fait à s'emboiter dans cette case qui parait trop étriquée pour eux. L'écoute attentive de chacun d'entre eux rend cette catégorisation maladroite, laquelle se fracasse contre une réalité bien plus fuyante. Si Rance peut convenir à cette définition (encore que), l'art que façonnent Scaphandre et Cepheide se révèle déjà plus difficile à cerner. Et que dire de Baume, à l'identité pour le moins (é)mouvante ! Celui-ci demeure sans aucun doute son véhicule le plus personnel. Le plus solitaire également, ceci expliquant certainement aussi cela. Comme c'est le cas des autres groupes de Gaetan, il est fréquent de lire à son sujet, qu'il erre sur les terres du post black metal, étiquette fourre-tout au possible, qui ne veut quand même pas dire grand chose. Mais elle reste pratique pour qualifier une musique dont le socle noir se conjugue à une froide modernité. Sauf que plus les années passent et les offrandes avec et plus Baume se veut insaisissable, larguant franchement les amarres du metal noir pour accoster un rivage toujours noir mais de moins en moins metal. Après Les années décapitées (2018) et L'odeur de la lumière (2019), émaillés de suffisamment de balises pour ne pas nous perdre en chemin, Un calme entre les tempêtes nous décontenancé par son inspiration electro infusant dans ses entrailles. 

Premier véritable album du projet, bien que sa durée ne le hisse que de peu au-dessus des trois EPs qui l'ont précédé, Août approche franchit encore une étape supplémentaire dans le déracinement de son auteur vis à vis d'une chapelle dans laquelle il a de toute façon toujours occupé une place singulière.  D'un black metal, il ne reste pour ainsi dire rien, si ce n'est peut-être une ambiance générale plus désenchantée que maladive. Aux nappes électroniques de l'obole précédente se greffe un chant qui parfois évoque de manière assez troublante le spectre de Serge Gainsbourg. Influence avant tout palpable sur 'Rien ne dure' et 'Un calme entre les tempêtes', deux plaintes hypnotiques aux allures de suppliques qui garnissaient déjà le menu de son devancier mais que le Français a retravaillé pour l'occasion. 'Blessures nuptiales', sa poésie déglinguée, ses pulsions tribales et 'Août approche' tendent une passerelle étonnante avec la musique urbaine voire le slam tandis que 'Dans les mystères de la dissolution' égrène une froideur aussi technoïde que méditative pour un résultat tout aussi obsédant. Là réside d'ailleurs la force de cet album dont les abords hermétiques sinon peu engageants masquent une sève émotionnelle qui finit par vous hanter. On ne saurait trop vous conseiller de poser une oreille sur ce disque à l'atmosphère mélancolique bien particulière. Tout d'abord déstabilisant, le chant faussement monotone de Gaetan inocule pourtant peu à peu sa lie aussi poétique qu'envoûtante... (24.11.2020 | LHN)  ⍖⍖⍖


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