9 avril 2021

CinéZone | Phil Karlson - Le dernier Passage (1961)




Basé sur une histoire imaginée par Alistair MacLean qui sera à l'origine des Canons de Navarone de Jack Lee Thompson (1961) ou de Quand les aigles attaquent de Brian G. Hutton (1969), Le dernier passage s'inscrit à la fois dans la vague des films anti-rouge dont il est un des derniers spécimens et dans le courant du cinéma d'espionnage froid et réaliste, tel qu'il est incarné par L'homme de Berlin de Carol Reed (1953) ou L'espion qui venait du froid de Martin Ritt (1965). En plus mineur mais non sans efficacité, une qualité qu'il doit avant tout à Phil Karlson qui trousse cette histoire d'aventurier franchissant le rideau de fer pour sauver un scientifique dissident, comme un film noir. Là réside toute sa force et son principal intérêt, davantage que dans un scénario (trop) classique qui prend soin de rester toujours dans le vague quant aux agissements de l'organisation à laquelle appartient le professeur. Tourné à Vienne (même quand le récit est censé se tenir à Budapest !), Le dernier passage possède tous les atouts d'une de ces séries B survoltées comme Karlson les affectionnait dans les années 50, peuplées de personnages troubles, plantés dans un décor sordide et vétustes de ruelles biscornues aux allures de panse labyrinthique. Le noir et blanc ne manque bien sûr pas de conférer à une ambiance paranoïaque bien rendue une dimension plus menaçante encore. L'oeuvre tire également sa valeur de son interprétation assurée par Richard Widmark, qui ne force toutefois pas trop son talent, les inquiétants Charles Régnier et Howard Vernon et les belles Sonja Ziemann et surtout Senta Berger à laquelle de courtes scènes suffisent pour envahir l'écran de sa beauté charnelle. Producteur du film, Widmark semble être entré en conflit avec Phil Karlson qu'il aurait renvoyé en fin de tournage, assurant la mise en boîte des dernières séquences à emballer. Notons enfin la magnifique partition de John Williams qui n'est pas sans rappeler celle qu'il signera plus tard pour La sanction de Clint Eastwood (1975).  (vu le 12.12.2020) ⍖⍖⍖




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