31 mars 2021

KröniK | Soulburn - Noa's D'ark (2020)




Nous vous épargnerons cette fois-ci l'histoire compliquée de Soulburn dont les grands traits furent brossés à travers la chronique de Earthless Pagan Spirit (2016). S'il ne fallait cependant retenir qu'un point à son sujet, ce serait que le groupe se veut une espèce de dreamteam du death doom à la sauce batave, réunissant des membres de Grand Supreme Blood Court, Graceless ou Bunkur, autant de noms qui sonnent comme l'assurance d'un matériau techniquement imparable et stylistiquement lourd comme une enclume. Sinistre et minéral également, cela va de soi. Soulburn porte inscrit dans sa chair ce death plombé, froid et cendreux auquel la chapelle hollandaise est toujours identifiée depuis les premiers rots de Asphyx à la fin des années 80. Jeu de mot autour de l'Arche de Noé, Noa's D'ark est le quatrième opus des Néerlandais et apparaît comme un de ces albums en béton armé que n'entache aucune véritable faiblesse. Fort d'un pedigree épais comme le Bottin, les musiciens n'ont clairement de leçon à recevoir de personne en matière de guitares accordées plus bas que terre et d'atmosphères malsaines croupissantes au fond d'un puits vaseux. 

Rien à dire, c'est très bien fait. Trop peut-être même pour susciter une vague émotion à l'écoute de ces compos quasi millimétrées qui s'apprécieront sans doute plus dans l'ambiance imbibée d'un festival ou d'une salle de concert que dans l'intimité d'une défloration solitaire au casque. Tout ça pour dire que Noa's D'ark n'a vraiment de doom que certains aplats lourds comme un Panzer, témoins ce 'Shrines Of Apathy', titre le plus asphyxiant du lot. Et donc un des plus jouissifs. En réalité, plus le temps passe et plus Soulburn s'émancipe à la fois de ses racines purement doom et de l'influence Hellhammer/Celtic Frost qui présidait à ses débuts pour, au final, sculpter du death pur jus néanmoins nappé d'un vernis black, ce qu'illustre le morceau qui donne son nom à l'album, aux évidentes réminiscences grecques et Rotting Christ en particulier. Le tempo peut être assez soutenu ('Anarchist', 'From Archeon Into Oblivion') et des lueurs mélodiques éclaircissent l'ensemble ('The Morgue of Hope')  tandis que de parcimonieuses - heureusement - lignes de chant clair surgissent parfois. Tout ceci n'étouffe toutefois jamais un climat pesant que traduit une propension à serrer le frein à main à l'image de 'The Godless I' ou du court 'Triumphant One', le premier perforé de crevasses abyssales, le second vrillé par des riffs vénéneux et tapissé d'ambiances de cérémonies occultes. Solide édifice, Noa's D'ark délivre une formule imparable en définitive plus death que doom, ce que nous regrettons, mais qui voit Soulburn redoubler d'une puissance aussi granitique que dévastatrice. (01.11.2020 | MW) ⍖⍖

 

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