15 mars 2021

KröniK - Sadistic Drive - Anthropophagy (2020)




Le rouge (sang) est à la mode et on ne compte plus les garçons-bouchers bien décidés à réveiller une armée de zombies en colère. Sadistic Drive est de ceux-ci. Le fait qu'il soit finlandais lui confère un gage d'authenticité sinon de légitimité car c'est quand même un peu avec l'ancêtre Funebre que tout a commencé (sans oublier les Ricains d'Autopsy et consorts, cela va de soit). Le quatuor de Joensuu est l'héritier de cette longue tradition d'un rotting death metal qui pue la chair en décomposition, fétide et barbare, cancéreux et infâme. Après deux petits rots, Street Cannibal Gluttony et Rehearsal 05/2019 qu'il a eu la bonne idée de rééditer en un unique CD l'an dernier, le label colombien La Caverna Records, que vous connaissez bien désormais, se montre tout aussi inspiré de publier son premier vrai méfait longue durée. Enfin, longue durée, c'est une façon de parler car Anthropophagy ne franchit même pas la barre des trente minutes au jus alors qu'il dégueule tout de même dix morceaux de viande avariée ! C'est dire à quelle vitesse les Finlandais crachent leur purée, sanglante et méphitique, comme il se doit. 

Sans (mauvaise) surprise, cette bestiole régurgite ce metal de la mort nauséabond au goût de chiottes qui n'ont pas été nettoyés depuis une plombe. Tout ici transpire l'urgence et la volonté de renouer avec la violence primitive tant dans la forme que dans le fond. La forme est rudimentaire, incarnée par une prise de son troglodytique et un artwork griffonné à l'ancienne, le fond, peuplé de cadavres, tétant les mamelles visqueuses du gore le plus dégueulasse. Tout ça n'est pas très ambitieux (ce n'est pas le sujet) mais, croyez-le ou non, vomir ce type de filthy death metal  sans barboter dans la bouillie réclame un talent certain. Qualité que Sadistric Drive possède assurément. Gorgées d'une énergie quasi punk qui donne envie de sauter dans tous les sens et  de toute casser ('Internal Putrefaction'), lardées de riffs thrashy ('Neurosyphilitic Lunacy') taillés pour les mosh-parts furieux, ses saillies s'élèvent bien au-dessus du lot grâce à un sens de la morsure venimeuse ('Body Part Puzzle') et de l'ambiance caverneuse pleine de gargouillis ('Serial Cleaner', 'Ferox'). Borborygmes poisseux et perforations malsaines poussent Anthropophagy dans les méandres cadavériques d'un charnier encore fumant ('Disease-Ridden Pervert'). Avec Anthropophagy, Sadistic Drive fait ce qu'on attend de lui, vomir ses boyaux qui trempent dans un death metal nauséeux et blasphématoire, sauvage et vicié, bande-son d'un bon vieux film de cannibales italien de série Z. (22.10.2020 | LHN) ⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire