12 mars 2021

KröniK | Evohé - Tellus Mater (2005)




Rien ne vaut les petits artisans. Evohé en est un bon exemple. Et le black metal n’aurait sans doute jamais dû quitter cette dimension bricolée et primitive. Tellus Mater, mixé par Ludovic Tournier de Himinbjorg et publié par la sous-division de nos compatriotes d’Adipocere, Oaken Shield, patauge dans un black haineux comme il se doit, où les guitares grésillent et possèdent ce son rapeux voulu par les Tables de la Loi gravées il y a longtemps maintenant par les aînés du Grand Nord. Rapide (mais pas trop), obsédant, irrigué parfois par une sève païenne issue des premiers Enslaved, la stature mythologique en moins, ce méfait a pour lui tout le charme obscur de la série B.

C’est plutôt bien fichu, pas très original certes (vociférations de gargouilles en rut, riffs bateaux…), mais honnête et ça déverse suffisamment de bonnes idées pour retenir l’attention, à l’image de l’efficace “ Frozen Fate” et ses riffs entêtants digne d’un scalpel labourant la peau ou du très pagan (et donc très réussi) “ Terin’na ”, pièce noire et lancinante, incantations impies dirigées vers les anciens esprits peuplant la nature des temps jadis. Après une première partie fonçant bille en tête, Tellus Mater étend peu à peu des atmosphères noires, malsaines et décadentes (“ Tellus Mater ”, “ In Crowned Places ”) tel un voile mortifère. Sans être un album incontournable, cette offrande sentant bon l’underground parvient à rendre hommage à la terre séculaire et ancestrale et aux dieux qui l’habitaient de manière convaincante, parfois même davantage que certains ténors du genre. Un groupe prometteur qui témoigne en outre de la vitalité de la scène extrême hexagonale, laquelle n’a clairement plus rien à envier à celle des autres nations européennes quand bien même elle peine parfois à afficher une identité qui lui est propre. (25.04.08) ⍖⍖


 

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