5 mars 2021

KröniK | Devin Townsend - Accelerated Evolution (2003)




Le Canadien fou est un extraterrestre. Et un extraterrestre stakhanoviste ! En plus de ses activités de producteur (Soilwork par exemple), il dirige d’une main de fer deux groupes à la fois, aussi différents que complémentaires : Strapping Young Lad (qu’il vient alors de ressusciter après cinq ans de silence radio) et le projet qui porte son nom. Mais peut-être en proie à la solitude, il décide désormais de retrouver une dynamique de groupe (même s’il reste le leader et l’unique compositeur, ainsi que le producteur). Résultat, il forme le Devin Townsend Band et publie cet Accelerated Evolution, lequel s’inscrit toutefois dans la continuité des albums précédents. De fait, bien que l’artiste partage désormais les instruments avec d’autres êtres humains (et pas seulement Gene Hoglan), cela reste du pur Townsend. Thématiquement, il se rapproche même de Infinity, de part son aspect autobiographique (il cite sa femme Tracy dans “ Storm ”, parle de suicide…). Musicalement, en revanche, et bien qu’il n’ait pas largué les amarres de son univers, il s’envole très haut vers des cieux inaccessibles. Techniquement, Accelerated Evolution apparaît comme le plus impressionnant de tous les disques du Canadien. 

Il débute par le furieux “ Depth Charge ” qui vous scotche d’entrée contre le mur : production énorme et limpide, voix extraordinaire du Devin et partie instrumentale du tonnerre de Dieu. “ Storm ” renvoie à l’ère Infinity et “ Random Analysis ” est un diamant progressif qui ne demande qu’à être extrait de sa gangue. A cette étape, l’album s’avère déjà très convaincant. La suite va le conduire vers des sommets : le fabuleux “ Deadhead ” et ses 8 minutes ainsi que le superbe “ Suicide (peut-être la meilleure composition écrite à ce jour par Townsend) sont proches de la perfection et délivrent des parties de guitares sublimes mais jamais stériles. Très sombres, ils forment l’épicentre de cet opus qui se poursuit par le plus léger et aérien “ Traveller ” et le quasi instrumental “ Away ”, diaphane et planant, avant de s’achever par les plus conventionnels mais néanmoins réussis, “ Sunday Afternoon ” et “ Slow Me Down ”, pourvu d’une remarquable performance vocale du maître des lieux. Devin Townsend offre donc avec Accelerated Evolution, son œuvre la plus belle et la plus aboutie. L’édition limitée comprend un second cd sur lequel figure trois titres d’un autre projet (éphémère celui-ci) du musicien, EKO, qui donne dans une sorte de techno mâtinée de space–rock lorgnant vers le Up The Downstair de Porcupine Tree. Ce n’est pas transcendant mais démontre cependant l’ouverture d’esprit de son géniteur. (19/06/06) ⍖⍖⍖⍖

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