L'homme aux colts d'or compte parmi les meilleurs westerns tournés durant les années 50. Réalisé entre Le bal des maudits (1958) avec Marlon Brando, Dean Martin et Montgomery Clift et un inutile remake de L'ange bleu (1959), il s'agit en outre d'une des oeuvres majeures d'Edward Dmytryk. Sa mise en scène a rarement été aussi maîtrisée, aboutie et inventive. Il s'agit d'un classiques du western mais n'est pas un western classique. En effet, le film s'éloigne des habituels gunfights et autres rapports manichéens qui composent souvent ce type de bobines. Témoin de la mutation qui s'empare alors du genre en cette fin des années 50, Warlock est un western adulte d'une très grande richesse psychologique. Déjà, il se révèle intéressant de part les rapports des plus ambigus qui les divers protagonistes de l'histoire, notamment entre Clay Blaisdell (Henry Fonda) et Tom Morgan (Anthony Quinn), ce dernier développant une relation d'amitié exclusive avec son compagnon. Il est à la fois son ami, son complice, son protecteur et certains, à tort ou à raison, ont voulu y voir beaucoup plus, suggérant une homosexualité latente entre les deux personnages. Tout l'intérêt du film réside dans cette psychologie plus fouillée qu'à l'accoutumé. Blaisdell et Morgan ne sont pas des méchants. Mais sont-ils bons pour autant. Le premier est un prévôt mais est-il vraiment différent des tueurs qu'il chasse des villes qui l'emploient ? A cette étude de caractère vient se greffer un second thème passionnant, celui de la ville aux prises avec la violence et la réaction de ses habitants face à l'arrivée d'un tueur pour la défendre, thème qui sera repris et traité bien différemment par L'homme des hautes plaines de Clint Eastwood (1973). ici, le prévôt est une solution mais c'est en laissant la loi, incarnée par un véritable shérif, reprendre ses droits que l'ordre reviendra et la ville reprendra sa vie tranquille. Bien sûr, on peut difficilement évoquer L'homme aux colts d'or sans mentionner sa formidable distribution. Trois acteurs légendaires, en très grande forme, s'affrontent dans ce western. Comme toujours Henry Fonda est particulièrement à l'aise dans un rôle complexe comme il les affectionne, tandis que Anthony Quinn cultive non sans talent l'ambiguïté de son personnage. Curieusement, Richard Widmark parait presque en retrait par rapport aux deux autres, ce que conditionne en réalité le scénario. Ainsi, petit à petit, son rôle s'étoffe pour finalement triompher à la fin. Film psychologique, Warlock n'est donc pas un western comme les autres. Mais n'est-ce pas le propre des plus grandes cartouches du genre que de ne pas être des oeuvres (trop) classiques et académiques, de Rio Bravo d'Howard Hawks (1959) à La horde sauvage de Sam Peckinpah (1969) ? (vu le 05.12.2020) ⍖⍖⍖
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