4 février 2021

CinéZone | Otto Preminger - Sainte Jeanne (1957)




Ceux qui attendent peut-être de Saint Jeanne un spectacle d'une belle ampleur en seront pour leur frais. Otto Preminger adapte là une pièce de théâtre de George Bernard Shaw et ne l'oublie jamais. Malheureusement. Les batailles ne l'intéressent donc pas, contrairement au procès de la Pucelle, interminable. De fait, l'oeuvre se résume en une succession de dialogues, entre Jeanne et Charles VII dont le traitement se révèle peu flatteur, entre Jeanne et Jean d'Orléans ou Jeanne et l'archevêque de Reims etc.. Il en résulte un film aussi curieux que bavard, qu'encadrent un prologue et un épilogue maladroitement humoristiques. Beaucoup de grands noms ont été convoqués, notamment dans le vivier britannique de John Gielgud à Anton Walbrook, de Finlay Currie à Harry Andrews mais ni Jean Seberg, dont c'est la première apparition à l'écran, ni Richard Widmark ne se montrent réellement convaincants. La première peine à incarner la Passion de son personnage, le second, d'ordinaire pourtant  si juste dans ses interprétations, appuie un peu trop sur les grimaces et les mimiques du Dauphin qu'on imagine mal campé par ce comédien très américain dans l'âme et ce, nonobstant toute l'admiration qu'on lui voue à raison. Pour autant, Sainte Jeanne demeure intéressant par sa volonté de démythifier le Moyen Âge, ce qui passe par une esthétique plus européenne qu'Hollywoodienne (louons à ce titre la photographie en noir et blanc sinistre du Français Georges Périnal) et une réflexion sur le pouvoir et les ambiguïtés de l'Eglise. Ainsi, la scène du sacre de Charles VII, dégraissée de romanesque ou de pompe ostentatoire, est quasiment digne d'une parodie à la manière d'un Sacré Graal tourné bien plus tard. Toujours est-il que ce film connaîtra un échec commercial et reste par conséquent une curiosité.  (vu le 07.11.2020) ⍖⍖





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