Qui a dit que toutes les cordes de black metal d'obédience dépressive se ressemblent ? Il suffit de s'abîmer dans les replis de The Sinister Business Of Selling Hope pour mesurer le gouffre qui sépare Exitium Sui de bon nombre de suicidaires qui se contentent trop souvent de ruminer leur mélancolie, les membres engourdis par une suffocante lenteur. Certes toute trace de joie ou d'espoir est totalement éconduite de ces quatre scarifications. Certes à l'autre bout u spectre de la douleur, l'unique maître de cérémonie, ES soit le stakhanoviste et multi instrumentiste Chris Gebauer dont on n'énumère plus tous les projets, actuels (Lebenssucht) ou passés (Deadspace), cède par moment à l'appel de mélodies plus tristes que morbides, témoin les relents shoegaze du titre d'ouverture. Mais le fait est que ce deuxième signe de mort sous cet étendard solitaire surprend par sa radicalité névrotique sinon sa brutalité malsaine. Il y a quelque chose de malade, de corrompu, dans cette masse agressive et jamais éthérée.
Tout du long, l'opus suinte un mal-être perturbant, échappé d'un esprit qu'on devine plus que tourmenté. The Sinister Business Of Selling Hope possède des allures de déambulations hallucinées le long de corridor dans les recoins duquel sont tapis les fantômes d'une âme torturée. 'Into The Molten Jaws Of Death' vomit une noirceur aussi dérangeante que déglinguée. Et quand, à mi chemin, sont écartées les lèvres d'un black doom gangreneux, c'est un stupre malveillant qui s'en écoule. L'Australien n'a nul besoin d'étirer son canevas pour poisser l'atmosphère d'une déchéance morbide, à l'image d'un 'Blood, Flesh, Malice' que polluent ces vocalises écorchées associées à une batterie métronomique et les accords grêles d'un guitare décharnée. Au contraire, vingt minutes aux lignes tordues lui suffisent pour nous remuer les entrailles et inoculer dans nos veines le souffle de la misanthropie. S'il n'est pas exempt d'une beauté ('While The World Waits On Their One Last Breath') toutefois enfouie très profondément dans la panse de compositions qui ne file jamais droit, cette création demeure totalement rongée par une négativité corrosive qui tranche dans la peau de celui la pénètre d'indélébiles cicatrices. Petit par sa durée, The Sinister Business Of Selling Hope creuse le sillon d'un black metal dont la noirceur rime avec folie. (23.09.2020 | LHN) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire