22 janvier 2021

KröniK | De Profundis - Beyond Redemption (2007)




Déjà un grand merci à Holy Records, qui le distribue, de nous faire découvrir ce groupe en devenir. De Profundis, qu'est-ce que c'est ? Une présentation s’impose. Bien que ce soit la présence en son sein, lors de ses premiers mois d’existence, du batteur Paul Westwood, lequel se consacre désormais à To-Mera, qui a tout d’abord assuré une certaine visibilité au combo de la Perfide Albion, celui-ci a été fondé par le chanteur Craig Land, aujourd’hui accompagné de musiciens originaires aussi bien de France, d’Afrique du Sud ou de Serbie. Difficile donc de faire plus métissé et cosmopolite. Tout ça c’est bien joli mais, et la musique alors, direz-vous ? Aie, là, ça se complique car De Profundis (nom qui ravivera des souvenirs nostalgiques chez les métalleux lyonnais dont le repère fut pendant longtemps une petite boutique répondant à ce patronyme) pratique un art hybride peu aisé à définir, ce qui en soit s’avère déjà un bon point. Le logo, illisible, évoque quelque hordes black metal et on peut effectivement par moment déceler durant l’écoute de Beyond Redemption, de (lointaines) sonorités propres au paradigme noir. Certaines vocalises écorchées (« A Caustic Vexation ») ou accélérations bien senties (« Nihilism Vortex ») illustrent cette proximité. Mais s’il fallait à tout prix coller une étiquette sur ce galop d’essai, c’est plutôt celle du doom death que l’on devrait choisir. Le chant qui semble provenir du plus profond d’une tombe, la lenteur granitique affichée, la durée des pistes – une moyenne de dix minutes chacune – ainsi que le nihilisme mélancolique qui poissent les textes écrits par Craig Land, participent de cet ancrage dans un genre dont les Anglais avec My Dying Bride et Paradise Lost sont à l’origine. 

Mais n’allez pas pour autant chercher dans ces titres complexes et tordus une quelconque réminiscence du UK doom de l’âge d’or, hormis peut-être le temps du très  bel instrumental terminal « Into Eternity », De Profundis, un peu à la manière d’Opeth, creuse un chemin qui lui est propre, enrichi de nombreux emprunts au progressif (« Nihilism Vortex ») et corseté par aucun carcan. Ces plages se déploient d’une manière tortueuses ; labyrinthiques, elles possèdent une architecture qui préfère la courbe à la ligne droite.  Portées par une basse volubile et enrobées d’une production simple et sans afféteries, un peu trop aride sans doute, même si elle colle bien à la musique qu’elle habille, ces sombres mélopées, froides comme les plages grises de la contrée qui les a vues naître, plongent certes dans les eaux tourmentées du doom dans ce qu’il a de plus crépusculaire et sévère, mais un doom toujours parasité par des influences et un fourmillement de détails éparses qui le transcendent et confèrent à la musique du groupe une bonne part de sa foisonnante richesse. Beyond Redemption se veut donc une œuvre prometteuse de très grandes choses. Doté d’un son plus puissant, signé sur un label (il s’agit d’une auto production), De Profundis pourrait très bientôt s’imposer comme un des acteurs du renouveau de cet art de la souffrance et de la douleur. Un groupe à suivre de très très prêt.  (16.10.08) ⍖⍖⍖


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