18 janvier 2021

KröniK | Blues Pills - Holy Moly ! (2020)




Comme bien d'autres avant lui, Blues Pills a été usé par une ascension fulgurante doublée du rythme trop effréné des tournées. Les musiciens ont goûté à la vie rock'n'roll de leurs aînés et idoles et ont failli ne pas survivre à ce rêve devenu réalité. Résultat, le guitariste Dorian Sorriaux a fini par faire ses valises en 2018, et même s'il n'était pas à l'origine de la formation, son départ n'augurait rien de bon pour la suite de carrière d'un groupe sympathique devenu trop gros trop vite. Celui-ci allait-il exploser en plein vol au bout de deux galettes seulement ?Après une longue période de silence, Holy Moly ! vient balayer toutes nos craintes tel un fétu de paille, troisième album quasi résurrectionnel. Que les fans soient rassurés, la flamboyante Elin Larsson est toujours là. C'est derrière elle que de menus changements sont intervenus, le bassiste et co-fondateur Zach Anderson ayant troqué son manche pour celui de la guitare, remplacé à son poste par le nouveau venu Kristoffer Schander. Les Suédois ont mis à profit cette pause bien méritée pour se ressourcer et recharger leurs batteries à plat. Succédant à un Lady In Gold sophistiqué, cet opus ne cherche nullement à révolutionner le style du groupe qu'on identifie dès le furieux 'Proud Woman' qui lance l'écoute comme à la belle époque, avec une énergie ravageuse. Mais, tant dans la forme (un fuselage sonore plus dépouillé) que dans le fond, on devine chez Blues Pills une envie de renouer avec un rock plus brut, débarrassé des quelques velléités évolutives qui jonchaient le disque précédent. 

A l'heure où le son psyché n'a jamais été autant siphonné par des cohortes de suiveurs attirés par cette mode, le groupe affiche même une dureté aussi effrontée que bienvenue qui lui permet de cultiver sa singularité au sein d'une scène fortement encombrée. Le batailleur 'Low Road' ou le puissant 'Dreaming My Life Away' alimentent ce rock sans fioriture auquel participe la voix de la chanteuse plus agressive que jamais, à l'image de 'Rhythm In The Blood', par ailleurs théâtre de mordantes saillies de la part de Zack Anderson. Croisement entre Janis Joplin et Aretha Franklin ('California') qui fait d'elle une sorte de Glenn Hugues avec des seins, la belle conserve son rôle de clé de voute d'un édifice plus direct mais non moins chaleureux. La seconde partie du menu illustre d'ailleurs que ses géniteurs n'ont pas tout sacrifié sur l'autel d'une immédiateté nerveuse. En effet, à partir d'un 'Dust' plutôt soul, les traits se font moins accrocheurs, plus rampants parfois ('Kiss My Past Goodbye'), tendres même ('Wish I'd Know', 'Longest Lasting Friend'), petits bijoux d'écriture qui soulignent autant la richesse vocale de Elin ('Song From A Mourning Dove') que la force émotionnelle d'une assise instrumentale du feu de dieu ('By Bye Birdy'). Si les épreuves endurées bâtissent les meilleurs groupes, Blues Pills en est incontestablement un. Ce que nous savions déjà et que ce Holy Moly !, aussi racé que tonitruant, confirme plus encore tout en insistant sur  la place résolument à part du groupe au sein de la chapelle vintage. (20.09.2020 | MW) ⍖⍖⍖


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