Il n'y a pas que les stars de l'acabit de John Wayne, Burt Lancaster ou Kirk Douglas, qui ont le droit de jouer au réalisateur (avec plus ou moins de bonheur) mais les plus petits aussi. Tel est le cas de Jack Webb, un de ces visages familiers dont on ne sait jamais comme qu'ils s'appellent qui, après quelques rôles secondaires par-ci par-là (Boulevard du crépuscule, Okinawa), signent quelques bobines de série B plutôt sympathiques (La police est sur les dents) et triomphera ensuite à la télé grâce, entre autres, à la série Dragnet dont il sera aussi le créateur, le producteur et le metteur en scène. -30- est son quatrième film et avant dernier film derrière la caméra. Son échec l'aura peut-être définitivement poussé du côté petit écran. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'œuvre ressemble plus à un produit télévisuel qu'à un vrai film de cinéma. Cela suffit-il à expliquer l'impression mitigé que laisse son visionnage ? Non. -30- a pourtant des qualités à faire valoir. Inspiré du Los Angeles Herald-Examiner, le scénario est signé par William Bowers, auteur surtout de La cible humaine (1950) de Henry King et de petits polars survoltés comme Abandoned (1949) de Joseph Newman, La loi des bagnards (1950) de Henry Levin, Dans la gueule du loup (1951) de Robert Parrish et plus tard, dans une veine humoristique, de La vallée de la poudre (1958) de George Marshall. La distribution, de laquelle émerge avant tout William Conrad, se révèle solide et non sans charme féminin (Nancy Valentine). En réalité, le film, trop bavard et dont Webb tente de briser le caractère statique, trouve sa force et sa faiblesse dans son format basé sur l'unité de temps et de lieu. Sa force car on devine le potentiel de ce qui reste un bon sujet (durant quelques heures, enfermée dans ses bureaux alors qu'il pleut à verse, la rédaction d'un journal prépare la une de l'édition du lendemain matin). Sa faiblesse car n'est pas Sidney Lumet qui veut. Et qui peut non plus. Voilà. (vu le 16.10.2020) ⍖⍖
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