8 décembre 2020

KröniK | Dead Lord - Surrender (2020)




Malgré un nom qui fleure bon le doom, Dead Lord trempe davantage son manche chez Thin Lizzy que chez Black Sabbath. Ceux qui les suivent depuis 2013 et l'inaugural Goodbye Repentance savent surtout que les Suédois sont le meilleur hommage ou clone (c'est selon) du groupe de Phil Lynott, au point de voir dans leurs rondelles ce que Thin Lizzy aurait pu enfanter si son légendaire et regretté bassiste était toujours parmi nous. S'il a choisi la guitare plutôt que la quatre-cordes, le chanteur et fondateur Hakim Krim offre une imitation vocale aussi saisissante que troublante de son défunt modèle, cependant qu'avec son compère bretteur, il tisse ses lignes mélodiques et soli dans la belle et grande tradition du hard rock classieux des années 70 et 80. Quelques menus ajustements au niveau du line-up (remplacé par Ryam Kemp, Martin Nordin a troqué la basse pour occuper le poste de second guitariste laissé vacant suite au départ de Olle Hedenström), Dead Lord est de retour trois ans après avoir livré un In Ignorance We Trust d'agréable mémoire. Comme toujours avec les Scandinaves, il convient de faire fi des longs discours, Surrender se veut un pur album de rock un peu dur, simple et énergique, et qui n'a d'autre prétention que de filer la trique des grands jours aux amateurs du genre. Anachronique peut-être, nostalgique sans doute mais bougrement tonique, cette quatrième galette, à l'instar de ses devancières, distribue du plaisir par boite de douze, brochette de dix titres qui tous tapent dans le mille. Nourris aux standards de jadis, les Suédois se souviennent que la durée idéale d'un disque est celle imposée par le vinyle. 

Il en découle un menu direct, sans fioriture ni prise de tête, dont toutes traces de noirceur, de tristesse, sont éconduites, exception (bien) faite de 'Dark End Of The Rainbow', composition plus fébrile quoique vivifiante comme tout le reste de l'album. Fidèle à un style immédiat dont il n'oublie pas qu'il constitue la meilleure façon de se cramponner à la mémoire, le quatuor n'en fignole pas moins ses chansons comme de véritables pièces d'orfèvre, asseyant encore un peu plus son autorité au sein de ce créneau vintage mais pas poussiéreux. Il paraît du coup bien difficile de ne pas succomber à ces saillies aussi rafraîchissantes qu'entêtantes. Dès ce 'Distance Over Time' qui lance l'écoute avec une énergie ravageuse, le charme opère. Et la jouissance avec. On tape du pied, on remue la tête. On se sent bien, tout simplement. Chaque parcelle de cet opus possède une accroche irrésistible, entre un 'Authority' gorgé de feeling ou un 'Evil Always Wins' à la basse épaisse et au refrain ultra mélodique sur lequel plane l'ombre du Rainbow de l'ère Joe Lynn Turner, entre un 'Gonna Get Me' mordant ou un 'Bridges' survitaminé et ses parties de guitares speed mais ensoleillées. Certes l'empreinte de Thin Lizzy demeure toujours aussi prégnante, mais outre le fait qu'il n'est de toute façon pas dans ses intentions de s'en affranchir, la qualité d'écriture dont fait preuve Dead Lord est telle qu'on ne peut lui reprocher ce mimétisme totalement revendiqué.  Si les fans de Phil Lynott s'y sentiront comme dans de vieilles et confortables pantoufles, Surrender ne pourra également qu'épancher la soif de tout hardos en bon heavy rock des familles, racé et batailleur. (16.08.2020 | MW) ⍖⍖⍖


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