23 décembre 2020

CinéZone | Vincente Minnelli - La toile d'araignée (1955)




Avec La toile d'araignée qu'il réalise en 1955, entre le magique Brigadoon et le plus mineur Kismet, Vincente Minnelli réussit la gageure de nous tenir en haleine, mieux de nous captiver, voire même de nous passionner, avec le sujet à priori anodin de rideaux à remplacer dans l'enceinte d'une clinique psychiatrique ! Si les premières minutes laissent augurer un mélo bavard, très vite pourtant, une tension sourde commence à s'installer, à s'immiscer dans la vie de ses personnages qu'un évènement normalement inoffensif va plonger dans le drame d'une force implacable, peu à peu englués dans une toile d'araignée comme le très beau titre le suggère. Car ce thème insignifiant servira de catalyseur pour toutes les jalousies enfouies, les peurs refoulées, les rivalités jusque là contenues. Cette clinique agit comme un microcosme que le réalisateur ausculte avec un lyrisme plus doucereux que flamboyant. De quelques détails, il tire les fils d'une tragédie, non pas épique mais bassement humaine, faisant jaillir les fêlures de ses protagonistes, centrés autour du docteur McIver aux méthodes aussi modernes qu'incomprises, lequel devra affronter à la fois son épouse délaissée et mouillant de désir, l'ancien directeur de l'établissement et une vieille employée revêche et manipulatrice. S'il soigne comme toujours la forme, plastiquement superbe, aux allures de toile de maître, Minnelli excelle surtout ici à peindre avec une admirable finesse  la psychologie de ses personnages dont il scrute la détresse, la folie parfois et la solitude toujours, à l'image de ce plan magnifique d'un Widmark avalé par l'obscurité de son bureau après une dispute avec Gloria Grahame. Il faut dire qu'il peut, pour leur donner vie, compter sur une distribution prestigieuse, avec Lauren Bacall, Charles Boyer, Lilian Gish et de laquelle émergent Gloria Grahame, pathétique et touchante et, bien entendu, Richard Widmark qui trouve là un de ses meilleurs rôles et prouve ce faisant, qu'on aurait bien tort de le réduire aux tueurs ricanants d'une poignée de polars et westerns néanmoins indispensables qui l'ont rendu célèbre. (vu le 11.10.2020) ⍖⍖⍖





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