Réalisateur totalement oublié de nos jours et pourtant auteur d'une vingtaine de bobines entre 1937 et 1961 dont Le briseur de chaînes (1941) avec Pierre Fresnay, L'aventure est au coin de la rue (1943) ou Monsieur Grégoire s'évade (1946) avec Bernard Blier, on doit surtout à Jacques Daniel-Norman le fait d'avoir été le premier à porter à l'écran Léo Mallet et ce, trois ans seulement après que celui-ci ait créé son célèbre personnage, Nestor Burma, dans ce 120, rue de la gare qu'il adapte en 1946. Si elle prend des libertés avec le roman, en gommant notamment les références à la guerre qui vient alors de s'achever, l'oeuvre n'en est moins assez réussie, qualité à laquelle participent autant un rythme enlevé qu'une interprétation dynamique et pleine de gouaille. Tout aussi oublié que le metteur en scène, René Dary compose un Burma aussi truculent que convaincant même si on a toutefois du mal à imaginer qu'à l'époque certains ont cru voir en lui un possible successeur à Jean Gabin, d'abord exilé aux Etats-Unis avant de partir se battre en Afrique. Nonobstant la sympathie qu'il suscite, Dary ne possède pas la même épaisseur de jeu et encore moins le charisme de l'interprète de Pépé le Moko. A ses côtés, nous croisons une sympathique galerie de seconds rôles avec Albert Dinan, Jean Parédés, Pierre Juvenet ou Jean Clarens. Sophie Desmaret et Gaby Andreu distillent une bonne dose de charme, conjugué à un caractère bien trempé pour la première, plus capiteux pour la seconde. Nous promenant entre Paris, Pantin et Lyon, 120, rue de la gare déroule une enquête policière habile qui, malgré une fine couche de poussière, a bien moins vieilli qu'on ne le craint de prime abord. (vu le 04.10.2020) ⍖⍖
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