2 décembre 2020

CinéZone | Henry Hathaway - Le jardin du diable (1954)




Quand bien même Henry Hathaway se montre à l'aise dans tous les genres, on sent que le western lui convient particulièrement, comme le prouvent L'attaque de la malle-poste (1951) ou - quoique dans une moindre mesure - Nevada Smith (1966). Le Jardin du diable représente aussi une de ses plus éclatantes réussites tant dans le western que dans l'ensemble de sa carrière. Si, le scénario se révèle e définitive assez peu original, encore que tous les personnages évoluent dans une trouble ambiguïté, le film, par l'atmosphère qui l'imprègne, possède néanmoins un cachet très particulier, plus proche du récit d'aventure que du socle westernien. Les décors, fournis par le Mexique, les montagnes ou un monastère en ruine, comme la musique si reconnaissable de Bernard Hermann, participent ainsi d'un climat envoûtant et parfois même oppressant. La mort rôde tout du long, à l'image de ces Indiens dont la présence et la menace se font progressivement de plus en plus palpables. Rares sont ceux qui échapperont au danger qu'ils incarnent. A ce titre, la fin, qui voit Richard Widmark se sacrifier, est magnifique.


Pour camper cette poignée de protagonistes au caractère archétypal (la femme qui veut retrouver son mari, le joueur, l'homme droit et posé...), Hathaway fait appel à un formidable trio. Eternel héros du western classique, Gary Cooper impose sa force tranquille et son visage imperturbable tandis que Widmark compose un réjouissant personnage d'aventurier, joueur et rusé. Enfin, selon habitude, Susan Hayward joue les femmes de tête, égrenant sa beauté atypique et ce faisant, hérite du plus beau rôle. A noter que tous les trois sont des fidèles du réalisateur, des Trois lanciers du Bengale à La glorieuse aventure pour Cooper, du Carrefour de la mort aux Marins de l'Orgueilleux pour Widmark, de L'attaque de la malle-poste à La sorcière blanche pour la comédienne. La mise en scène du maître, d'une admirable aridité, où la pureté du cadre l'emporte sur les mouvements d'appareil, se conjugue à une ambiance mélancolique qu'expriment un titre original ou français superbe et d'inoubliables répliques ("Quelqu'un reste toujours. Partout dans le monde, quelqu'un qui doit faire le boulot", Chaque soir il s'en va [le soleil]  et chaque soir, quelqu'un s'en va avec lui"). (vu le 20.09.2020) ⍖⍖⍖




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