XenoKorp | ⍖⍖⍖
Comme il l'a prouvé dernièrement sur scène et notamment lors de la seconde édition du Dark Breath Fest, Mercyless demeure toujours le patron du death metal français (mais pas que). Mieux, l'impression s'impose que, depuis son retour il y a bientôt dix ans, le vétéran se montre même plus en forme que jamais, alliant l'impeccable savoir-faire dû à son âge à une vigueur sombre et morbide en plein adéquation avec son temps. Comme en témoigne The Mother Of All Plagues qui traite principalement de la peste de 1348, sujet qui ne peut aujourd'hui que rencontrer un écho troublant au moment où une pandémie ravage la planète. Bien que l'album ait été imaginé en 2018, Mercyless n'en confirme pas moins la dimension messianique de son art. Il faut dire qu'en ces temps violents et troublés, le death metal et son achalandage funeste collent plus que jamais à cette humanité au bord de l'Apocalypse. Trente-trois ans après avoir craché son premier rot gorgé de sang, le groupe, toujours mené de main de saigneur par Max Otero, accouche d'une septième hostie qui fait honneur à sa réputation. Le méfait reprend les choses là où les a laissées Pathetic Divinity il y a quatre ans déjà.
S'il ne surprendra personne, il ne décevra pas davantage. Il se veut même une forme de leçon, de synthèse, autant pour le genre que pour ses géniteurs. Mercyless ne ressent pas le besoin de remplir son menu jusqu'à la gueule, préférant tisser une toile dense et suffocante. En moins de quarante minutes, la messe est dite, sans gras ni fioriture mais non sans un pus malsain qui poisse les parois de l'ensemble. Une fois que ses lèvres ont été écartées par l'inaugural 'Infection', The Mother Of All Plagues nous entraîne dans un monde souterrain, qu'enténèbre une noirceur aussi sinistre que vertigineuse. Aux blasts millimétrés et ce chant old school qui vomit des viscères à la manière de Martin van Drunen (Max Otero n'a jamais caché le respect que lui inspire le Hollandais violent) répondent des guitares qui érigent autant les murs d'un temple cyclopéen qu'elles brillent d'une salvatrice lueur mélodique ('Bring Me His Head', 'Descending To Conquer'). Comme toujours les Français n'ont pas leur pareil pour répandre des ambiances corrompues ('Contagion') et creuser d'abyssales cavités au fond desquelles bouillonnent un pus sinistre, à l'image de l'implacable 'Rival Of The Nazarene', véritable hymne en puissance à la gloire d'un metal de la mort aussi acéré qu'étouffant. Mais chaque titre ouvre une porte menant dans les profondeurs de l'indicible où la lèpre sonne comme un fléau divin chargé de punir les péchés. Flagellant dont le fouet imprime de funèbres stigmates dans l'âme et dans la chair, Mercyless annonce avec The Mother Of All Plagues rien de moins que le Jugement Dernier ! (01.08.2020 | MW)
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