Non content d'être, entre autres, le batteur de The Lumberjack Feedback, lequel compte parmi les bâtisseurs de doom les plus fascinants de l'hexagone (mais pas que), Nicolas Tarridec propose avec Scissions, l'acte de naissance de Godless-Mind, projet solitaire et énigmatique qui confirme si besoin en était encore, outre le talent du lascar, sa soif d'expérimentation et son refus d'être inféodé à quelque scène que ce soit. Certes, les amateurs de bûches en seront (un peu) pour leur frais même si les plus ouverts d'entre eux ne pourront pas tout à fait demeurer insensibles à ce matériau mouvant qu'il parait bien difficile d'identifier, de catégoriser (nous y reviendrons). Certes, moins de vingt minutes pour quatre petites pistes, c'est à priori peu pour juger pleinement de la valeur de la chose, maigre ration néanmoins suffisante pour en saisir le potentiel puissamment émotionnel et l'abondance de l'inspiration. Bon mais, Godless-Mind, qu'est-ce que c'est ? Déroulant une trame entièrement instrumentale propice à la un kaléidoscope d'images et de sensations, "Scissions" erre quelque part entre post rock (le pulsatif 'The Opener') et ambient ('The Frame') que nimbent tout du long des effluves électroniques. Le trait se fait souvent lourd ('Pink Moon'), plus rêveur parfois ('Candeur' qu'une grosse patte enfonce toutefois à mi chemin dans un puits vaseux) mais toujours une forme de mélancolie diaphane gaine ces plaintes aériennes et immersives tout ensemble. Epousant le tracé d'un grand-huit émotionnel, celles-ci palpitent d'une beauté quasi cinématique comme la bande-son d'un récit introspectif aux allures de quête intérieure. En dépit de sa courte durée, l'obole fourmille d'idées, toutes excellentes et donc impressionne par la richesse de sa tessiture. Quelques minutes suffisent chaque fois à Nicolas pour esquisser un univers sonore au puissant pouvoir d'évocation nous entraînant avec lui dans un monde à la fois irréel et crépusculaire. Si on devine chez l'auteur une envie d'escapades sonores, cet appétit expérimental ne gomme pour autant jamais l'envoûtement drainée par des mélodies froides et capiteuses, lesquelles attribuent à cet essai toute son ambivalence, cette pénombre où sont tapies ces courbes lourdes soulignées d'un contour electro. On pressent aussi que Scissions n'est qu'une première étape prometteuse et Godless-Mind, le rendez-vous d'un musicien ouvert aux collaborations et aux rencontres artistiques... (04.08.2020 | LHN) ⍖⍖⍖
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