2 novembre 2020

CinéZone | Roy Ward Baker - Troublez-moi ce soir (1952)



Troublez-moi ce soir propose une affiche pour le moins curieuse, associant Richard Widmark à Marilyn Monroe sous la houlette de Roy Ward Baker. Futur maître de l'épouvante à l'anglaise (The Vampire Lovers, Les cicatrices de Dracula, Asylum) et de la SF (Les monstres de l'espace) avant de participer à quelques séries cultes de notre jeunesse (Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement votre), Baker connait une parenthèse américaine au début des années 50 pendant laquelle il tourne, outre ce Don't Bother To Knock, Night Without Sleep (1952) et surtout La piste fatale (1953) avec Robert Ryan et Rhonda Fleming. Après avoir campé plusieurs fois des héros positifs quoique tourmentés (Okinawa, Duel dans la forêt...), Widmark se voit offrir à nouveau un rôle de prime abord sinon brutal au moins antipathique. Quant à la blonde platine, en dépit d'apparitions déjà remarquées dans Quand la ville dort, Eve, Le démon s'éveille la nuit ou Chérie, je me sens rajeunir, elle n'en est encore qu'à l'aube de sa fulgurante et éphémère carrière, raison pour laquelle nous la retrouvons dans la peau d'un personnage trouble comme elle n'en interprétera plus, à son grand désarroi d'ailleurs. Ce n'est que l'année suivante, en enchaînant coup sur coup Niagara, Les hommes préfèrent les blondes et Comment épouser un millionnaire, qu'elle deviendra une star. Désirant tirer profit d'un potentiel encore dans sa gangue, la Fox l'aligne face à Widmark et  à une autre nouvelle venue, Anne Bancroft. Affiche curieuse donc pour une bobine qui ne l'est pas moins. Si la présence du comédien est censée garantir une ambiance inquiétante de film noir, on devine rapidement que le danger vient moins de cet homme égoïste, incapable de ressentir une quelconque empathie, que de cette babysitter dont la beauté dissimule mal un comportement bizarre. Malgré un matériau un peu léger (sa courte durée en atteste), qui ne s'échappe jamais de cet hôtel où se noue le drame, Roy Ward Baker parvient néanmoins à distiller le malaise et une tension qui va crescendo à mesure que la jeune femme déraille. Plus que Marilyn au jeu parfois agaçant, Widmark est comme toujours impeccable dans un rôle moins lisse que ceux qu'il venait alors d'enquiller, trouvant le ton juste avec ce mélange très naturel, qui n'appartient qu'à lui, d'ambiguïté et de séduction, comme un ange diabolique. Il n'en demeure pas moins que Troublez-moi ce soir possède un goût d'inachevé hésitant entre drame et suspense. Il va sans dire le réalisateur fera  montre par la suite de plus personnalité et de maîtrise une fois de retour dans son Angleterre natale... (vu le 23.08.2020) ⍖⍖⍖





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