Des gaillards qui aiment le Rock'n'roll avec un grand R et le cinéma ne peuvent pas être mauvais. Dust Lovers en témoigne, combo parisien mais nantais de sang et de cœur, dont les membres ont le groove chevillé aux notes et de vieilles bobines plein les yeux. Son nom ne vous dira peut-être rien sans pour autant vous être totalement inconnu. Normal puisque que le groupe existait jusqu'alors sous le nom de The Texas Chainsaw Dust Lovers sous lequel il a gravé deux EPs puis deux albums. Ce changement patronymique coïncide-t-il avec bouleversement stylistique ? Réponse avec "Fangs", opus aussi singulier que sa pochette, de laquelle se détachent... des dents !
A l'origine, arrimés au stoner dont ils offraient une lecture poussiéreuse et westernienne, les Français ont clairement évolué. Si 'Born To Lose' rassurera les fans de la première heure avec sa croupe remuante, le reste du menu surprend par sa tendre décontraction qu'il ne faut surtout pas confondre avec de la mollesse. L'énergie est toujours bel et bien là mais elle se planque dans ces claviers déglingués échappés d'un bastringue ('All About You') et ces grattes toujours aussi mordantes. Ce qui frappe - et impressionne - le plus à l'écoute de cette troisième cuvée est le chant très Chris Isaak de Clem Colt, crooner feutré et néanmoins féroce ('Night Fight'), qui ondule, charme mais nous entraîne dans un récit où réside un vampire qu'on imagine plus triste que belliqueux, à l'image de ce 'Goldie' au ton aussi nocturne que désespéré.
Sorte de Twin Peaks à la sauce Nosferatu, "Fangs" dévoile un autre visage de (The Texas Chainsaw) Dust Lovers, pas si différent que cela mais qui creuse pourtant un gouffre avec les opus précédents et au fond duquel il est tellement agréable de tomber. Sans rien perdre ni de sa sève frétillante ni de son originalité, le groupe affirme sa singularité au sein de la scène rock hexagonale qu'il secoue avec une jubilation gourmande. (24.0.2020 | MW)
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