26 octobre 2020

Sorcerer | Lamenting Of The Innocent (2020)



Bien qu'il n'ait que trois albums à son actif, en comptant ce "Lamenting Of The Innocent" qui nous intéresse aujourd'hui, Sorcerer n'est pas un groupe né de la dernière pluie acide. Fondé en 1988 autour du bassiste Johnny Hagel et du batteur Tommy Karlson, il figure même parmi les vétérans de la chapelle doom suédoise aux côtés des Candlemass, Count Raven ou Memory Garden, des noms évocateurs d'une certaine approche de l'art doloriste, traditionnelle et épique, dont les racines heavy metal ne sont jamais effacées. Une seule démo plus tard, le départ de Hagel chez Tiamat en 1992, avec lequel il gravera les matriciels "Clouds" et "Wildhoney", précipitera le sabordage du groupe dont les membres souffraient de toute façon d'un manque de motivation.

Dix-huit ans plus tard, Sorcerer ressuscite. "In The Shadow Of Inverted Cross", publié en 2015, lance cette fois-ci sa carrière pour de bon. Mais, nonobstant d'incontestables qualités justifiant l'accueil chaleureux qu'il a reçu, il est permis de se demander si ce tardif galop d'essai n'est pas arrivé trop tard tant le doom dont il est le puissant et majestueux fourreau porte dans sa chair le sceau des années 80. Ce qui, encore une fois, n'enlevait rien au plaisir généré par son écoute. Après un "The Crowning Of Fire King" du même tonneau, qu'en est-il de "Lamenting Of The Innocent" ?












Passé un 'Persecution' en guise de préliminaires, 'The Hammer Of The Witches' ravive sans surprise un doom épique comme Candlemass le façonnait sur le très sous-estimé "Chapter VI" et que le chant superbement désespéré de Anders Engberg (220 Volt) arrime au Black Sabbath de l'ère Tony Martin, par ailleurs toute aussi sous-estimée. Le décor est donc (bien) planté, celui d'un heavy doom tout en majesté, puissant et lyrique, où la lourdeur tellurique se conjugue à des émotions belles à pleurer, à l'image du déchirant 'Where Spirits Die' qui voit à nouveau le chanteur briller de mille feux. Et quand il est accompagné, le temps de la ballade osseuse 'Deliverance', par Johan Langquist, la voix historique de Candlemass, le résultat ne peut qu'être saisissant et sonner comme un adoubement de l'élève par le maître.

Eu égard aux talents rassemblés au mètre carré et à l'inoxydable savoir-faire suédois en matière de metal en général et de doom en particulier, "Lamenting Of The Innocent" est de ces albums qui ne sauraient susciter la moindre réserve formelle. Fuselage sonore en béton armé, compositions ciselées avec force, lignes vocales bouleversantes de finesse et interprétation ad hoc assurent un ouvrage aussi élégant que noueux. Le contenu demeure bien sûr sculpté dans le pur doom épique à la suédoise mais le groupe réussit néanmoins sinon à se renouveler du moins à nuancer son propos en recourant avec parcimonie à des growls, en soulignant ses racines heavy ('Institoris') ou en s'aventurant sur des terres arc-en-ciel (le très progressif 'Path To Perdition').

Pour qui aime cette expression du genre, sombrement mélodique, "Lamenting Of The Innoncent" s'impose comme un incontournable, à ranger aux côtés du dernier Candlemass, "The Door To Doom" et offre à Sorcerer son album le plus convaincant à ce jour ! (14.07.2020 | MW)

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