28 octobre 2020

Northern Crown | In A Pallid Shadow (2020)



Quelqu'un qui poserait une oreille sur "In A Pallid Shadow" sans savoir qui en est l'auteur, pourrait (presque) croire qu'il s'agit du nouvel opus de Candlemass. Cette voix notamment ne manquera pas d'évoquer celles qu'affectionne tant Leif Edling, pleines d'un lyrisme solennel. Mais le légendaire bassiste n'est pas aux commandes de cet album et cela s'entend quand même. Une prise de son puissante, massive, lui fait par exemple défaut. Ce qui n'est pas très grave car le doom reste un genre qui plus que tout autres se nourrit d'une certaine authenticité en terme de production. Plus préjudiciable, l'inspiration démesurée du Suédois n'embrasse tout simplement pas ce troisième effort de Northern Crown. Frank Serafine, son principal artisan et musicien sympathique au demeurant, ne peut rivaliser avec son aîné scandinave lorsqu'il s'agit d'écrire des compositions pesamment grandioses, dotées d'une admirable profondeur. L'Américain demeure un copiste habile mais un copiste quand même. Est-ce pour autant une raison pour bouder notre plaisir face ? Que nenni. Puisant sa source dans les premiers Candlemass, de "Epicus Doomicus Metallicus" à "Chapter VI", "In A Pallid Shadow" honore un doom épique intemporel. Il peut même être considéré comme ce que Northern Crown a enfanté de plus convaincant. Passées les menues réserves énoncées plus haut, il faut ainsi être sourd ou de mauvaise foi pour ne pas succomber aux charmes envoûtants de ces cinq complaintes auxquelles des nappes de claviers colorent d'une teinte plus progressive que chez le patron suédois ('Observing'). S'étirant sur un tapis d'orgues liturgiques, 'Leprosarium' est quand même un titre magnifique auquel il ne manque qu'un peu plus d'ampleur dans le son, pour se hisser au niveau de son modèle. Que dire également du pénétrant 'The Last Snowfall' d'une lenteur hantée qui ensorcelle autant qu'elle engourdit. Ballade dénudée, 'A Vivid Monochrome' est plus curieux mais non moins touchant. Quant à '8 Hours', il se pare d'oripeaux arabisants lors d'une dernière partie chatoyante. Encore peu connu, Northern Crown accouche pourtant avec "In A Pallid Shadow" d'une belle et solide offrande qui arpente un doom lyrique dans la grande tradition suédoise dont la principale faiblesse est de ne pas suffisamment se démarquer de Candlemass. Mais là réside aussi son charme, dans ce tribut assumé qu'il doit à son aîné scandinave dont il offre une copie sympathique et néanmoins plus personnelle qu'il n'y parait... (19.07.2020 | LHN)

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