Nous les avions presque oubliés ces Suédois qui, à défaut d'avoir enfanté des œuvres majeures du genre, peuvent au moins faire valoir leur (presque) trente ans d'activité sans n'avoir jamais renoncé à dresser les couleurs crépusculaires de ce black metal typiquement suédois, avec beaucoup de mélodies dedans. Mais avare de sa semence, Naglfar n'avait plus donné signe de vie discographique depuis un "Téras" déjà effacé de notre mémoire. Que faut-il donc espérer de son successeur ?
Le groupe faisant partie de ceux qu'on ne risque pas de prendre en flagrant délit d'évolution, il n'y a par conséquent pas grand-chose à attendre de "Cerecloth" si ce n'est une tranche d'art noir hyper efficace qui fait toujours son petit effet sur scène. Animé par trois mercenaires du genre qui ont promené leur cartouchière aussi bien chez Setherial, Ancient ou Bewitched dont Marcus E. Normann (guitare et basse) et Kristoffer W. Olivius (chant) font d'ailleurs toujours partie, le trio a du métier et ne peut ainsi être qu'à l'origine d'une offrande techniquement imparable ('Like Poison For A Soul'). Alternant les mid-tempos qui s'abîment dans les arcanes de la terre ('Cry Of The Seraphim') et les agressions féroces ('A Sanguine Tide Unleashed'), les Scandinaves n'ont pas leur pareil pour étendre un voile nocturne ('Vortex Of Negativity').
Mais, un peu comme son compatriote Necrophobic, Naglfar peine désormais à marquer les esprits et rares sont les titres émaillant "Cerecloth" à imprimer des stigmates dans la chair, hormis peut-être un 'Necronaut' plus doom death que black. Même la pièce épique 'Last Breath Of Yggdrasil', censée fermer le ban en beauté, s'écrase contre le mur de la banalité. Du mastering confié à Dan Swanö en passant par la pochette que signe Kristian Wahlin (At The Gates, Dark Funeral, Dark Tranquillity...), on se croirait presque revenu dans les années 90 !
En définitive, si ce septième méfait n'enrayera pas son relatif déclin, Naglfar demeure malgré tout un "nom", expliquant sa place au sein de l'écurie Century Media et le respect, mérité au demeurant, que lui vouent les amateurs de ce bon vieux black metal des familles, vierge de la moindre originalité sinon de prises de risque mais assurance cependant d'une expression aussi acérée que ténébreuse... (27.06.2020 | MW)
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