Si Okinawa évoque un épisode de la guerre du Pacifique, le fait qu'il ait été tourné en 1950 alors que les Etats-Unis entament la guerre de Corée, l'un des premiers conflits armés de la Guerre Froide, lui donne le ton d'une oeuvre de propagande à la gloire des Marines. Ce qu'il n'est pourtant pas tout à fait. Grand spécialiste du film guerrier (A l'Ouest rien de nouveau, Lewis Milestone a toujours préféré dénoncer les atrocités et les absurdités de la guerre, loin d'une démarche cocardière sinon patriotique. Or à sa vision, Halls Of Montezuma parait être coincé entre ce qu'en attendait la Fox et la vision plus tragique et humaniste chère au réalisateur. De là sans doute la victoire mitigée que remporte ce film qui réussit mieux les scènes intimistes, ciselées à hauteur d'hommes que les explosions et autres débarquements. On devine que les faits d'armes intéressent moins Milestone que le portrait d'hommes quelconques plongés dans un conflit qui les décimera (presque) tous les uns après les autres.
C'est quand il feuillète le passé de ces soldats que le film se montre le plus juste, le plus touchant. Il offre ainsi une galerie de personnages attachants, de l'enseignant (Richard Widmark qui, reconnaissons-le ne trouve pas grand chose à se mettre sous la dent) au docteur en passant par ce sergent atypique à la distinction très british campé par Reginald Gardiner. Milestone rassemble d'ailleurs une sacrée brochette de comédiens, futures vedettes (Jack Palance, Robert Wagner, Richard Boone) ou immortels seconds couteaux (de Karl Malden à Skip Homeier en passant par Neville Brand ou Bert Freed). Bref, Okinawa n'est pas le grand film de guerre annoncé par l'affiche française mais demeure émouvant et laisse à penser que Clint Eastwood s'en est peut-être inspiré pour son diptyque Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima... (vu le 09.08.2020) ⍖⍖
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