2 septembre 2020

Witches | The Fates (2020)




Malgré un âge respectable, attesté par l'EP "30 Years Of Thrashing" puis le coffret baptisé "30th Anniversary", Witches n'a publié à ce jour que trois albums, que sépare à chaque fois un gouffre de treize longues années. Entre séparations et reformations, le groupe est néanmoins toujours vivant autour de sa figure de proue, la chanteuse et guitariste Sibylle Colin-Tocquaine, pionnière du metal extrême féminin et accessoirement frangine du leader d'Agressor qui d'ailleurs a tenu les baguettes à ses côtés, entre 1986 et 1990.

Alex n'est pas le seul à avoir défilé dans les rangs de ce dinosaure du thrash hexagonal, puisqu'une bonne vingtaine de musiciens sont venus pointer, parmi lesquels nous pouvons citer l'ancien guitariste d'ADX Bernard-Yves Quéruel ou la bassiste Magali Fourcade (ex Ultra Vomit, Forest Of Blood etc...) pour n'en nommer que deux d'entre eux. Depuis six ans, la formation s'est cependant stabilisée avec l'embauche de Jonathan Juré derrière les fûts et de Lienj à la six-cordes. Sous la forme d'un trio, Witches a gravé "The Fates", tardif troisième méfait que nous n'attendions plus guère.

Les puceaux du gros son qui tache pour qui ce groupe n'évoquera rien seraient pourtant bien avisés de poser une oreille dessus, ils comprendront alors que la brutalité furieuse n'est décidément pas l'apanage des jeunes. Et encore moins des bonshommes. Plus déchaînée et sauvage que jamais, Sibylle n'a toujours pas mis de l'eau dans son vin de messe. Idéalement épaulée par de solides gaillards qui lui sont entièrement dévoués, elle peut ainsi régurgiter un thrash death (à moins que cela soit l'inverse) qui baigne dans de poisseux viscères plus que dans le formol. Il suffit de zieuter la pochette pour mesurer la bestialité d'un contenu gorgée d'une sanglante intensité.



Neuf saillies s'enfilent en moins d'une demi-heure. La barre des quatre minutes n'est franchie qu'une seule fois, le temps d'un 'Feared And Adored' dont la violence oppressante se fracasse contre un mur pesant. Le reste galope à toute vitesse sans jamais débander. Trop peut-être, privant du coup cet album d'une dose de nuances. Mais l'amateur de blitzkrieg qui lamine les muqueuses ne pourra que dire amen face à ce baquet de violence qui se déverse. Tout du long tendu comme le foc d’un navire, le menu claque à la manière de peaux accrochées à des pics de boucher. Bien qu’un peu compressé, le son participe d’une expression à la fois old school et galopante, écrin d’un thrash dont l’habileté technique ne grève ni la furie dévastatrice ni la noirceur pestilentielle d’ambiances fétides vomies comme un torrent bilieux.

Et puis il y a Sibylle, éternelle guerrière dont toute la vie est vouée à ce bon vieux thrash des familles. L’énergie qui brûle dans son âtre associée à cette dévotion sans bornes emporte tout dans son funeste sillage à la vitesse de Panzers en pleine invasion de la Pologne. C’est à genoux, les bras tailladés de toute part qu’on termine l’écoute de "The Fates" qui a quelque chose d’un marteau-pilon que rien ne vient jamais enrayer. A moins qu’il ne s’agisse d’un rouleau-compresseur...

Mais à l’arrivée, le résultat est toujours le même : cet album est une boucherie interrompue qui rappelle à notre bon souvenir à la fois un groupe et surtout une amazone dont la fureur renvoie à leurs chères études bon nombre de tigresses plus jeunes qu’elle. Les fans de No Return ou d'Agressor et de ce death metal dont la féminité rime avec bestialité ne peuvent passer à côté de "The Fates" !  (15.05.2020 | MW) ⍖⍖


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire