6 septembre 2020

Skepticism | Alloy (2008)




Disparu des écrans radars qui ne percevaient plus aucun sonar de sa part depuis 2003, nous croyions Skepticism abîmé au fond des Fosses Marianne que sa musique évoque tant. A regret, nous nous étions fait une raison. C’est donc avec surprise et bonheur que nous accueillons aujourd’hui ce nouveau chemin de croix que nous n’espérions donc plus. Toujours fidèle à une identité dont ils ne se départiront sans doute jamais (d’ailleurs personne ne le leur demande)  et qui n’appartient qu’à eux car ils sont détenteurs de ce son absolument unique, qu’ils doivent il est vrai beaucoup aux notes fantomatiques égrenées par cet orgue liturgique et squelettique comme échappé des limbes, ces mystérieux Finlandais continuent de tracer le même sillon suicidaire, à savoir ce doom extrême bizarre qui fut durant les années 90, avec celui sculpté par leurs compatriotes de Tergothon et de Unholy, à l’origine de ce qu’on nomme désormais le funeral doom. Douloureuses, suffocantes, caverneuses, ces six complaintes s’enfoncent corps et âmes (surtout) dans des méandres indicibles. Indescriptibles, elles sont un magma dissonant de vibrations, d’ondulations étranges et hantées, lesquelles, en dépit d’une longueur raisonnable pour le genre (entre cinq et dix minutes seulement), semblent pourtant en durer le double tant le groupe possède cette capacité à graver, à étirer telle une torture sous l’Inquisition espagnole des instants pétrifiés, des instants de mort suspendus au-dessus du néant.



Ecouter "Alloy" revient à se perdre dans un labyrinthe brumeux sans fin et sans aucun fil d’Ariane pour réussir à s’en échapper. Ni le chant expulsé du plus profond de la gorge ni les guitares déglinguées ne peuvent prétendre faire office de vigie dans cette marée noire. Certes, il y a bien cette vague mélodie lancinante qui perce le superbe 'Antimony' ou cette six-cordes qui déraille au milieu de 'The Curtain' auxquelles on peut s’accrocher, mais c’est à peu près tout. Ni monstrueux comme peut l’être Tyranny ni lent comme une limace après s’être enfilé du Valium par boîte de 12 façon Until Death Overtakes Me, Skepticism n’a pourtant rien à envier à ces derniers en terme de dépression, de noirceur charbonneuse. Et pour enfoncer encore davantage le clou au pilori, cela ne file jamais droit non plus avec ces rythmes ( ?) qui avancent de traviole et ce son étouffé, lointain. Malgré tout, même si le groupe maîtrise l’art de l’excavation tellurique, sa musique, moins monolithique qu’il n’y paraît, surtout quand elle monte en puissance (tout est relatif) comme durant le terminal 'Oars In The Dusk', se pare néanmoins d’une beauté quasi religieuse immense et singulière ('Pendulum') qui envoûte autant qu’elle glace le sang. Sans doute plus accessible et moins abyssal que son prédécesseur, le funéraire "Farmakon", qui forait plus profondément encore dans la couche terrestre, "Alloy" s’impose donc comme une œuvre en tout point conforme à ce que l’on attend de ses géniteurs.  Les connaisseurs comprendront…  (15.12.08) ⍖⍖⍖


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