19 septembre 2020

Lik | Må ljuset aldrig nå oss mer (2003)




Ce qu’il y a de chouette avec les pochettes  black metal, c’est qu’il y a rarement tromperie sur la marchandise. Ainsi, en présence de celle ornant Ma Ljuset Aldrig Na Oss Mer (quel titre !), qui nous donne à admirer dans un beau noir et blanc de rigueur, les arbres d’une forêt, on se doute qu’on n’aura pas affaire à du black symphonique et sophistiqué. Non, il s’agit bien de true black et de son cortège de règles obligées, du mec grimé qui pose dans la neige au son cru et dissonant. Lik, one-man-band suédois monté par Graav d’Armagedda, groupuscule bien connu des amateurs, déverse donc un black minimaliste et primitif, sans doute capturé dans une cave éclairée à la chandelle. Mais loin de ces wagons entiers de formations pataugeant dans la médiocrité et qui croient qu’il suffit de tout miser sur la répétition pour accoucher d’une transe hypnotique, notre gargouille sait, quant à lui, se singulariser par son chant emprunt d’une certaine solennité, par un son de basse qui claque comme un coup de trique et par la tristesse visqueuse de complaintes, parfois lancinantes, souvent accrocheuses. Le tout est des plus sinistres (dans le bon sens du terme), lorgnant parfois vers Darkthrone, mais sans que cela soit gênant, dépouillé à l’extrême. Néanmoins, c’est surtout lorsqu’il ralentit le tempo que Lik atteint sa cible et se faisant, gagne une beauté noire au départ insoupçonnée, à l’image de l’instrumental final, « Bortom Allt Liv », dont s’échappe le fluide venimeux d’un mal être absolu digne du Burzum de Filosofem. Une référence. Quelques arpèges lugubres, des vocaux viking, une guitare grésillante, suffisent à poser des atmosphères de forêts enténébrées sur lesquelles souffle le vent d’un passé obscur. Une excellente surprise donc, car ce qui semblait n’être qu’un étron de plus se révèle à l’arrivée une hostie païenne, sombre et fiévreuse absolument superbe, qui s’élève bien au-dessus de ce que Graav peut forniquer avec Armagedda. Par son souci d’épure, il renoue, mieux que d’autres plus côtés, avec l’esprit originel qui guidait les Grands Anciens. (10.11.2007) ⍖⍖⍖


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