"Occult Rock from Brocéliande" qu'ils appellent ça. "Ils", ce sont les mecs de Druids Of The Gué Charette, nom étrange qui évoque un brouet qui l'est tout autant, mixture obscure aux relents de stoner enfumé et rural. Le groupe cite aussi bien les Stooges que Black Sabbath ou Joy Division comme combustible. Ça annonce du lourd mais aussi du cradingue, du qui sent sous les bras et l'huile de vidange.
Grave ou criarde, la voix arrime nos druides à la scène garage mais, noyée dans un verre de Suze et sous les effluves d'un psychédélisme des bocages, la partition suinte une semence bizarrement hypnotique. Le tout se trouve serré dans un format qui oscille entre deux et quatre minutes, exception (bien) faite de 'It's Alright To Fail Sometimes' dont les six minutes palpitent d'un groove obsédant et baignent dans un nuage cosmique pour un résultat ensorcelant qui nous fait regretter que le groupe n'emprunte pas davantage ce sentier progressivo-chamanique aux couleurs d'un Magma halluciné.
Bref, tout ça pour dire que Druids Of The Gué Charette ne ressemble à rien. Ce dont on se doutait un peu, au vu de ses attributs. Pour être tout à fait honnête avec vous, la défloration de "Talking To The Moon", qui succède à un premier LP, "All The Darkness Looks Alive" (2018), et à d'autres petites miettes (l'EP "Deep In The Woods" et un split avec Electric Nettles), n'est tout d'abord pas très engageante. L'album finit pourtant par faire son lit grâce à son atmosphère de rituel ténébreux planté dans les profondeurs d'une clairière, témoin d'une survivance païenne. Grâce à son mélange de dureté et de douceur moelleuse aussi, d'énergie noire et de volutes cosmiques ('Parasites'). A une cadence le plus souvent effrénée s'accouple un pouls capiteux ('Bury Your Dead'). Basse terreuse, percussions qui sentent la fumette et claviers embués couverts d'une couche vintage sont à l'unisson de ce rock garage à la fois rude et psychédélique qui se tète comme un breuvage frelaté à l'arrière d'une vieille 4L break, échouée au bord d'un chemin de campagne.
"Talking To The Moon" évoque autant le zinc d'un bistrot de village que la pierre d'un autel druidique, théâtre de cérémonies incantatoires nimbées d'un brouillard de LSD. C'est ça Druids Of The Gué Charette, cet alliage de rock tourbeux et d'infusion qui fait tourner la tête. On se croirait un peu dans un film de Jean Rollin des années 70, plein d'une poésie foutraque. (18.06.2020 | MW) ⍖⍖
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