Bien que basé en Colombie, La Caverna Records continue d'exhumer des raretés profondément enfouis dans le sol du death metal américain. Entre Sepsis ("To Make Rotten") et Thrombus ("Mental Turmoil"), le label réédite le méconnu "Paths Less Taken" régurgité par Crucifixion en 1998 auquel il greffe la démo plus rare encore "Raising The Dead" datée de 1996. Et encore une fois, l'écurie colombienne a eu le nez creux en déterrant ce groupe disparu peu après ce deuxième méfait. A l'écoute de ces 75 minutes caverneuses et viciées, on ne peut que le regretter.
Quand il serre le frein à main, creusant alors de lourdes crevasses au fond desquelles il s'abîme ('Last Haunted Scriptures'), Crucifixion s'enfonce dans les méandres d'un death doom sinistre à souhait. Ce sont les reptations les plus longues qui lui laissent le champ libre pour tisser ces ambiances pesantes, quasi méphitiques, à l'image de 'Catholicos Diabolicos' dont les lourds aplats ne grèvent en rien une fureur bestiale et croûteuse. En effet, le groupe n'aime rien moins qu'alterner marécageux coups de boutoir et agressions brutales, témoin ce 'Paths Less Taken' dont les neuf minutes au garrot galopent dans des boyaux souterrains conduisant aux enfers elles-mêmes. Plus ramassés, les 'Cell Block 8' ou 'Damned' n'en sont pas moins sabrés par de purulentes plaies, desquelles s'échappent une semence morbide.
Américains de sol, ces Texans voient leur veines charrier un sang venu du Sud, ce à quoi participe des textes en espagnol. De fait, Crucifixion macère davantage dans le jus à la fois macabre et primitif du death metal d'Amérique Latine que dans la cuve floridienne. Tel est donc le successeur de "Desert Of Shattered Hopes" que La Caverna Records vient d'ailleurs juste de ranimer également. Les quatre titres de la démo "Raising The Dead" ferment le ban, brouillon de "Paths Less Taken" avec lequel il partage trois pistes dont la prise de son plus crue et abyssale rendent encore plus sépulcrales et cruelles.
Cette réédition est une bonne pioche pour l'amateur de death metal obscur qui regrettera que Crucifixion se soit sabordé, voyant ses membres retournés dans l'anonymat. Dommage car ils avaient certainement encore des choses à dégueuler dans le registre de la brutalité grumeleuse. (08.06.2020 | LHN) ⍖⍖
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