Nonobstant l'incontestable talent de Terence Fisher et du légendaire duo Peter Cushing / Christopher Lee, il n'en demeure pas mois que leurs plus grandes réussites ne seraient rien (en forçant le trait bien sûr) sans le travail de précieux collaborateurs, comme le démontre Le cauchemar de Dracula. Jimmy Sangster, auteur d'une adaptation d'une remarquable concision, James Bernard qui signe un score extrêmement expressif, lequel souligne constamment le suspense et les rebondissements, Bernard Robinson qui cisèle des décors entrés à jamais dans notre inconscient de cinéphiles pour qui l'Angleterre victorienne ou les villages et châteaux d'Europe de l'Est posséderont toujours les atours que le chef-décorateur a imaginés, sans oublier Jack Asher qui magnifie ces décors à l'aide d'une palette chatoyante que domine le rouge de l'hémoglobine, additionnent leur savoir-faire pour un résultat quasi mythologique.
La grande force des meilleurs films de la Hammer est d'avoir su dépoussiérer les vieux mythes de la Universal (comme elle venait de le faire avec Frankenstein) grâce à l'usage de la couleur et d'un érotisme inédit, fixant les codes de l'horreur gothique. Sous les traits de Christopher Lee, Dracula et les vampires en général gagnent en attraction sexuelle, loin de la créature des ténèbres ne distillant que l'effroi. S'il prend quelques libertés avec l'oeuvre de Bram Stoker et en dépit d'un budget qu'on devine assez serré, Le cauchemar de Dracula s'impose néanmoins sans aucun doute comme la plus belle et puissante adaptation usinée par le studio britannique. Le récit tient en 77 minutes, l'action se révèle omniprésente, débarrassée des préliminaires et autres inutiles palabres. Et nous n'oublierons jamais l'apparition de Dracula en haut d'un escalier ni Van Helsing se jetant après les rideaux pour laisser filtrer la lumière du jour et ainsi venir à bout du vampire... (vu le 12.07.2020) ⍖⍖⍖
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