Otto Preminger n'est pas à proprement parler un réalisateur de Western. Lui, le spécialiste du film noir, auteur de classiques tels que Laura (1944) ou Mark Dixon détective (1950), n'en a d'ailleurs tourné qu'un seul : Rivière sans retour. Mais quel western ! Dans de magnifiques décors naturels dignes des plus beaux films d'Anthony Mann, La rivière sans retour se révèle être un western particulièrement riche, plus intelligent aussi qu'à l'accoutumée. En effet, l'histoire ne se résume à une cascade de coups de feu. La périlleuse descente de la rivière n'est pas uniquement le prétexte à quelques scènes spectaculaires quand bien même ces dernières s'avèrent très réussies. Resserré autour de trois personnages, le récit prend la forme d'un voyage initiatique car les obstacles sont autant d'épreuves à franchir, aboutissant à une renaissance et à la découverte de soi, qu'il s'agisse de Matt Calder (Robert Mitchum), fermier récemment sorti de prison pour avoir abattu un homme dans le dos, de Kay chanteuse de saloon en quête de bonheur ou du fils de Matt qui comprendra à la fin pour quelle raison son père a dû tuer un homme par derrière. A l'arrivée, nous obtenons un très beau western qu'un tournage difficile n'a pas empêché d'être réussi.
Marilyn Monroe, alors en pleine ascension suite aux succès de Niagara (Henry Hathaway) ou des Hommes préfèrent les blondes (Howard Hawks), tous les deux sortis en 1953, doit non seulement affronter Otto Preminger, metteur en scène réputé tyrannique mais aussi Robert Mitchum avec lequel elle ne s'entend guère ( ce qui ne surprendra personne). Malgré tout, le film permet à l'actrice de révéler à nouveau son talent. Il faut dire que Kay, cette jeune femme fragile, lui ressemble, Marilyn n'étant jamais aussi convaincante que lorsqu'elle interprète des personnages proches de qu'elle était dans la vie (Bus stop, Certains l'aiment chaud). Elle prouve qu'elle peut être très à l'aise dans le western, ce qui n'était pas gagné d'avance. Enfin, elle n'est jamais écrasée par le grand Bob qui déroule sans effort son jeu habituel. A noter que celui-ci retrouve Preminger après Un si doux visage (1952), une autre oeuvre d'anthologie. Pour terminer, sachez que, Marilyn étant ce qu'elle est, nous avons droit à sa voix suave, à quelques chansons de sa part, pour le plaisir des oreilles... et des yeux (comprenne qui verra). ⍖⍖⍖
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