1 août 2020

Horisont | Sudden Death (2020)




Horisont est un groupe qui ne cesse de nous surprendre... dans le bon sens du terme. Chef de file d'un revival seventies toujours particulièrement fertile en Suède, le quintet a su peu à peu, au gré de ses rondelles (six à ce jour), peaufiner son identité. Au départ vaguement rattaché au stoner et au doom, peut-être sous l'influence du guitariste Tom Sutton (Church Of Misery) qui depuis l'a quitté, le groupe livre en 2017 un "About Time", fourreau d'un hard rock vintage gonflé d'une sève juteuse.

Nous pensions dès lors que les Scandinaves poursuivraient tranquillement leur carrière, bien au chaud dans un créneau dont on ne se lasse de toute façon pas. C'était bien mal les connaître, comme l'illustre d'emblée 'Revolution' qui amorce l'écoute de "Sudden Death" d'une manière étonnante. Non pas que ses géniteurs, toujours détenteurs d'une patte reconnaissable entre mille, ne serait-ce que grâce au chant  d'Axel Söderberg, aient viré leur cuti, mais jamais les claviers n'avaient jusque-là autant grignoté une de leurs compositions.

Avec son ambiance décontractée, ce titre semble tiré d'un film des années 70 pour teenagers américains, poussant le hard rock des Suédois vers le rock tout court, voire le progressif, témoin ce 'Free Riding' nimbé de sons synthétiques comme échappés d'un vieux Camel. Pour sa part, teinté de lueurs boisées, 'Graa Dagar' est creusé dans une écorce folk et champêtre. Que dire également de 'Archaeopteryx In Flight' dont les huit minutes ouvrent les portes d'un Valhalla instrumental que tissent des lignes qui ne renierait pas Andy Latimer. Lancé par un saxophone ensoleillé et secoué par un piano énergique, 'Into The Night' se voit couvrir par l'ombre de Supertramp, qui bataille cependant avec des guitares trop mordantes pour étouffer des racines hard qui demeurent persistantes.




En dépit d'une accroche de plus en plus mélodique voire presque pop ('Hold On'), Horisont n'oublie (heureusement) pas d'où il vient. Riffs nourris au grand Blackmore ('Standing Here') et harmonies guitaristiques à la Thin Lizzy ('Sail On') irriguent un album toujours solidement ancré dans le rock dur des années 70. Et puis le groupe demeure toujours cette usine à hymnes instantanés, générateurs de mélodies qui se cramponnent à la mémoire. Il suffit ainsi d'écouter les 'Pushin' The Line' et autres 'Runaway' remuants en diable, pour s'en convaincre et être emportés par un disque riche d'un menu tout simplement irrésistible. L'émotion n'en est pas éconduite pour autant, comme le démontrent 'Standing Here' et plus encore 'Breaking The Chain', où la gouaille enfumée d'Axel orchestre une partition gorgée d'un feeling obsédant.

Avec intelligence, Horisont se renouvelle et honore un hard rock vintage plus doux qu'il poinçonne de touches progressives, sans se départir ni d'une écriture d'orfèvre ni d'une énergie aguicheuse. Ce faisant, il assoit encore davantage sa suzeraineté en ne se réduisant pas à un banal hommage aux seventies dont il fait cependant sienne l'inspiration et la fougue. (22.04.2020 | MW) ⍖⍖⍖





  
 

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