14 août 2020

CinéZone | Georges Lampin - Crime et châtiment (1956)




On n'imagine pas vraiment Jean Gabin dans une adaptation de ce fameux roman russe. Il se montre pourtant particulièrement convaincant et savoureux - comme de coutume - dans la peau de ce commissaire qui, tranquillement, guette sa proie, cet étudiant qui, après avoir assassiné une vieillie usurière, est rongé par le remord et la culpabilité qui finissent par le torturer. Mais l'injustement oublié Georges Lampin a la bonne idée de déplacer l'intrigue tissée par Dostoïevski en France, dans un Paris sordide aux immeubles vétustes, bien photographié par Claude Renoir. A peu près fidèle au matériau d'origine dont une bonne part de la richesse psychologie a toutefois été gommée, Crime et châtiment tire en réalité - et curieusement - sa force de ses atours ancrés dans le film policer français des années 50.



Il doit aussi sa bonne tenue à un casting remarquable d'où se détachent avant tout Jean Gabin, qui n'apparaît pourtant qu'à la moitié de la bobine et plus encore Bernard Blier en antiquaire vicieux qu'excitent les jeunes filles. Selon son habitude, Gabin s'entoure de comédiens avec lesquels il a déjà tourné, de Lino Ventura à Gérard Blain en passant par Roland Lesaffre avec lequel les relations furent pourtant compliquées lors du tournage de L'air de Paris. Mais l'oeuvre est aussi peuplée de jeunes acteurs en devenir, féminins (Marina Vlady, Marie-José Nat) et masculins avec un Robert Hossein, mémorable en meurtrier fiévreux qui, sous l'influence d'une jeune femme, se dénoncera à la police. Citons également  la bergmanienne Ula Jacobsson et les vétérans Carette et Gaby Morlay. Une bien belle affiche pour une adaptation soignée quoiqu'un peu morne et sans âme, vierge de la profondeur dostoïevskienne.  (vu le 20.06.2020) ⍖⍖

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