Publié par Shadow Kingdom, « The Fear » est un EP deux titres d’une durée totale de moins de dix minutes, que signe Blood Star. On peut se demander quel peut bien être l’intérêt de chroniquer le 45 tours d’un groupe dont il est d’ailleurs le premier signe de vie. On aurait pourtant tort de l’ignorer. A cela, plusieurs raisons.
Parce qu’à la tête de ce nouveau projet on identifie, flanqué du batteur de Spell (Lester) et du bassiste Noah Hadnutt, Jameson Palmer, guitariste de Visigoth, solide artisan américain à la gloire d’un heavy metal éternel. Parce que dans ses rangs se glisse aussi – et surtout - une chanteuse, Madeline Smith, une inconnue qui ne devrait pas le rester longtemps, vestale dont la hargne sombre et contagieuse se dispute à un charme troublant. Parce que, corollaire de la présence de la belle derrière le micro, on ne résiste jamais à l’envie d’écouter du bon vieux heavy des familles conjugué au féminin. Parce que « The Fear » ne déçoit pas, tétant avec bonheur les deux mamelles qui le nourrissent, pour donner naissance à un metal traditionnel perché sur des talons aiguilles.
Le genre n’a bien sûr pas attendu le quatuor américain pour lacérer un heavy typiquement années 80 par les griffes d’une tigresse (que l’on songe à Warlock, Girlshool et consorts) cependant qu’une formation telle que Chevalier occupe actuellement déjà ce terrain. Mais Blood Star ne tisse notamment que peu de liens avec ce dernier, ne serait-ce déjà parce que Madeline préfère aux vocalises haut perchées un registre finalement plus brumeux, plus doomy, ce qui ne l’exonère pas d’une force noire et fédératrice. C’est ce qui fait tout le sel de ces deux titres heavy et progressifs au léger parfum de doom.
Toujours fidèle à une expression old school, Palmer honore encore plus franchement qu’avec Visigoth, ce metal énergique tel qu’il était usiné dans les aciéries des eighties. Face A, ‘The Fear’ galope à la vitesse d’un cheval au galop, saillie bien speed que bétonne une batterie nerveuse. Guitare remuante et lignes vocales aussi ensorcelantes que mordantes tirent cette première chanson vers des sommets. Classique mais efficace. Plus rampant se veut de son côté ‘Tortured Earth’ placé sur le face B, dont les paroles commandent une coloration plus lourde et ombrageuse, écrin charnel de cette voix moelleuse et acérée tout ensemble aux relents de magie noire.
9 minutes à peine, c’est peu mais néanmoins suffisant pour nous laisser entrevoir le potentiel que Blood Star niche entre ses seins, groupe à suivre de très près dans la galaxie du heavy traditionnel gainé de chant féminin. (04.06.2020)
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