Curieux parcours que celui de Lowrider. Au départ, il participe à la vague stoner qui s'abat sur les platines à la fin des années 90 dans le sillage de Kyuss dont il est un peu la réponse suédoise. Le groupe partage un split avec Nebula et l'affiche avec Spiritual Beggars puis finit par accoucher de "Ode To Io" chez Meteor City en 2000, pierre angulaire de ce mouvement. Bref, c'est toute une époque (bénie) que son nom évoque pour tous les amateurs de bûches, de fumette et de combi Westfalia. Mais après ce démarrage en trombe, plus rien. Le groupe n'est pas officiellement enterré mais les chances pour qu'il grave une deuxième galette s'amenuisent de plus en plus. Son électroencéphalogramme s'emballe quelque peu en 2014 lorsqu'il foule la scène du Hellfest. Dans la foulée, un nouvel album est enfin annoncé... Avant que les Scandinaves ne se murent à nouveau dans un silence qui n'augurait rien de bon.
Mais le voilà pourtant, ce successeur de "Ode To Io" que nous n'espérions plus ! Vingt ans, c'est long. Trop long même, justifiant les doutes sérieux que ce retour tardif de Lowrider ne pouvait pas manquer de susciter. Après tant d'années d'inactivité, celui-ci serait-il encore capable d'offrir un disque digne de ses prometteurs débuts ? Ne serait-il pas un peu rouillé désormais ? Autant de craintes que "Refractions" balaie comme un fétu de paille avec une énergie bitumeuse et l'assurance tranquille de vieux briscards. En à peine plus de cinq minutes, 'Red River' dissipe les doutes que nous nourrissions, mécanique grasse et puissante imbibée de fuzz qui trace sa route à travers une immensité désertique. L'impression de voyager dans le temps est prégnante, un peu comme si nous nous retrouvions à l'aube des années 2000, le gros son en plus sans que le moteur soit gonflé.
Plus psyché et nébuleux, 'Ode To Ganymede' décolle vers l'espace sans se délester de cette croûte rugueuse propre aux Suédois. Et quand un orgue Hammond antédiluvien surgit, c'est l'orgasme assuré, comme si Deep Purple se mettait au space rock ! Ultra heavy, son final témoigne que Lowrider n'a de leçon à recevoir de personne et surtout pas de la jeune génération. Suivent trois pistes qui avalent les kilomètres sans aucun dérapage incontrôlé, tour à tour planantes ('Sernanders Krog et ses huit minutes enfumées) ou plus nerveuses ('Mule Pepe' et 'Sun Devil_M87)'. Et puis survient l'apothéose de l'album, ce 'Pipe Rider', titre le plus long du lot, pulsatif et velouté, noueux et mordant, ballade nonchalante mais charnue, sur fond de soleil couchant qui synthétise merveilleusement ce stoner à la suédoise et point final d'une rondelle à la hauteur des espérances placées en elle.
Qu'importe que Lowrider ait mis vingt ans pour nous l'offrir enfin, "Refractions" ne cale pas et fera date dans l'histoire du stoner ! Faudra-t-il patienter autant de temps avant de pouvoir déguster son successeur ? L'histoire nous le dira... (18.04.2020 | MW) ⍖⍖⍖⍖
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