A l'heure où il parait de plus en plus improbable que Ritchie Blackmore livre un jour un successeur à "Stranger In Us All" malgré la résurrection de son Rainbow qui se borne à enquiller quelques dates depuis 2016 et alors que "Blue Ligthning" est venu nous rappeler quant à lui et si besoin en était encore, qu'il n'y a plus rien à espérer de Yngwie Malmsteen, nous savons cependant pouvoir toujours compter sur Axel Rudi Pell pour hisser les couleurs de l'arc-en-ciel et plus généralement de ce hard rock mélodique d'un autre âge dans le sillage du Suédois ventru.
L'Allemand n'a jamais dévié, en posant tous les deux ans en moyenne d'une nouvelle pierre à son édifice. Et s'il n'intéresse plus grand monde et ne possède pas dans sa besace des joyaux de l'acabit de "Rising Force", "Trilogy" ou Odyssey", le guitariste n'a pas à rougir de la comparaison avec Malmsteen, auteur d'une discographie certes de série B mais d'une qualité constante. L'ancien Alcatrazz ne peut pas en dire autant ! Certains de ses albums valent bien un "Fire And Ice" par exemple. Ce qui est le cas de "Sign Of The Times".
Soliste virtuose, Axel ne craint pas de s'entourer de solides musiciens, à l'image de ceux qui l'accompagnent actuellement, qu'il s'agisse du cogneur Bobby Rondinelli (ex-Rainbow), le claviériste Ferdy Doernberg (Roland Grapow) ou du chanteur Johnny Goeli (Hardline). Rassemblés depuis quelques années maintenant, ils cimentent tout ensemble un line-up impeccable à l'origine de ce dix-neuvième album vigoureux. Sans surprises serions-nous tentés de compléter de prime abord mais ce 'Gunfire', calque à peine déguisé de l'immense 'Kill The King' de Rainbow, outre le fait qu'il est un excellent titre, nous surprend agréablement en braconnant sur les terres du Dio le plus inspiré et le plus pesant surtout.
Epique et heavy 'Wings Of The Storm' nous rappelle à son tour le merveilleux et regretté lutin, de même que 'Into The Fire', lourd comme un bon cassoulet au fumet ensorcelant que recouvre l'ombre de 'Gates Of Babylon'. Aux côtés du curieux 'Living In A Dream' et des teintes reggae et de la ballade obligée 'A Blind As A Fool Can Be' se glissent des compos taillées dans le meilleur du hard mélodique des années 80 entre un 'Sign Of The Times' et sa mécanique d'une lenteur envoûtante, un 'End Of The Line' mordant avec ses éruptions de guitare typique de l'Homme en noir, sans oublier un 'Waiting For Your Call' contagieux.
A l'instar de l'ancien Deep Purple et contrairement à Yngwie, Axel sait toujours mettre sa guitare au service de son groupe et de chansons parfaitement huilées. Associé à une rythmique plombée et un chant idéal pour ce registre heavy mais toujours extrêmement mélodique, le Teuton se fend avec "Sign Of The Times" de son album le plus captivant depuis longtemps. (14.04.2020 | MW) ⍖⍖
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