3 avril 2020

Sons Of Alpha Centauri | Buried Memories (2019)




Après avoir passé une décennie à distribuer des rondelles plus ou moins étoffées, l'associant à d'autres groupes tels que Karma To Burn, Treasure Cat ou A Death Cinematic, Sons Of Alpha Centauri a enfin daigné offrir en 2018 un successeur à son premier album. "Continuum" n'a pas déçu, malgré une orientation moins stoner, plus post rock mais toujours instrumentale. Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir déjà les Anglais retourner au charbon avec un "Buried Memories" que nous n'espérions pas de sitôt. Or il ne s'agit pas à proprement parlé d'un nouvel opus mais d'un simple EP que remplissent six pistes remixées. Il y a plus excitant que ce genre de produit hybride d'autant plus qu'un des titres est en réalité décliné trois fois ! Pressante est du coup l'envie de ne pas s'attarder sur cette sortie. Pourtant les bonnes raisons de s'intéresser au contraire à elle sont multiples. D'une part parce que, aggloméré à "Continuum" sous la forme d'un double-album, l'objet peut être perçu comme son complément. Sans doute sont-ils le fruit d'une même gestation. D'autre part - et surtout - parce que les artistes que SOAC a convié pour retravailler une petite poignée de ses compositions ne sont pas vraiment des inconnus, figures de la musique industrielle (Justin Broadrick) et doom/drone (James Plotkin). Outre le fait qu'elle fait grimper la valeur ajoutée de "Buried Memories, leur présence commande une expression sonore franchement plus expérimentale.




La première moitié du menu consacre le leader de Godflesh et Jesu entre les doigts ferrugineux duquel est confié le titre 'Hitmen', excellent titre qui se décline en trois versions différentes. La première est celle où la griffe du petit Jesu se fait la plus discrète, petit bijou post rock aux allures de grand-huit émotionnel. Les deux suivantes lui permettent en revanche de laisser libre court à son goût pour les expérimentations au point de rendre le morceau (presque) méconnaissable en cela qu'il le pollue d'une couche corrosive (le Jesu Remix) ou le transforme en plainte ambient, étirant un suaire glacial que tentent de percer des guitares étouffées, comme avalées par une brume fantomatique. La seconde partie de "Buried Memories" accueille ensuite James Plotkin, chargé de mixer 'Warhero', piste diaphane dans la lignée de "Continuum", toutes en retenues intimistes et sous laquelle gronde toutefois une tension sismique. Courte verrue instrumentale, 'Remembrance' suinte des sons bruitistes annonçant 'SS Montgomery' que l'Américain retravaille en le passant à la moulinette, à la manière d'une orgie déglinguée aux relents quasi cosmiques. En définitive, la grande force de cet album réside dans le fait que les deux invités ont réussi à apposer leur marque sans pour autant gommer l'identité de Sons Of Alpha Centauri dont "Buried Memories" porte l'incontestable signature. Il serait ainsi regrettable de bouder cet opuscule au motif qu'il ne s'agit que d'un EP aux titres remixés car, outre le fait qu'il se veut le complément de "Continuum", la contribution de Justin Broadrick et de James Plotkin n'a rien d'anecdotique. Additionnée à la trame que tissent les Anglais, leur présence respective aboutit à un ensemble passionnant qui fait de cet objet une véritable création à part entière. (22.01.2020)



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