8 avril 2020

Konvent | Puritan Masochism (2020)




Après la vogue des chanteuses, seules ou flanquées d'un homologue masculin chargé d'enténébrer le propos, vient maintenant celle des filles éructant comme des bêtes en rut. S'il n'est pas nouveau, que l'on songe à Angela Gossow (Arch Enemy), l'une des pionnières dans ce registre caverneux pendant longtemps l'apanage des hommes, cet exercice à priori contre nature tend à essaimer un peu partout. De fait, on commence à se méfier quand débarque sur nos platines un de ces spécimens, surtout lorsque celui-ci arbore un line-up entièrement féminin, signé qui plus est chez Napalm Records, label certes de qualité mais qui cède parfois justement trop aux sirènes de la mode. Tel est le cas de Konvent, jeune quatuor de Danoises dont la plastique séduisante et trompeuse n'augure en rien du caractère grumeleux de leur musique. Avec leurs jolis minois qu'encadre, pour les trois-quarts d'entre-elles, une blonde chevelure, on leur donnerait le bon dieu sans confession. Mais, ne nous délivrerez pas du mal, telle semble être plutôt leur profession de foi. Des nanas qui bétonnent un bon vieux death des familles, cendreux et abyssal, le concept aurait pu se  réduire à un simple argument marketing. Mais outre le fait qu'elles rivalisent de bestialité sépulcrale à tel point qu'elles ne trahissent jamais leur appartenance au sexe (pas si) faible, les belles accouchent avant toute chose avec "Puritan Masochism" d'une hostie jouissive au goût de cyprine funèbre. 



Danoises de sol, ces damoiselles sont par contre hollandaises de sang, ayant assidûment fréquenté l'école batave du genre dont elles récitent le credo asphyxien. Chant d'outre-tombe vomi depuis les entrailles d'une grotte, instruments accordés plus bas que terre dictent ce death metal qui fait plus que copuler avec un doom troglodyte. La leçon est parfaitement régurgitée, comme en témoignent ces prêches encroûtés par la mort. Tout entier prisonnier d'une gangue fétide et granitique, "Puritan Masochism" ne passe jamais la seconde, dévidant des atmosphères sinistres aux allures de linceul ensanglanté. Figées à la manière de gisants pierreux, ces chansons n'en grondent pas moins d'une force obsédante qui les rend fascinantes. Elles forment ainsi un chapelet vénéneux qui inscrit dans la chair des stigmates indélébiles. Grouillant d'une puissance spéléologiques, elles possèdent la capacité rares de vous hanter longtemps après d'être tues. Chacune d'entre-elles constitue une marche successive dans les abîmes jusqu'à 'Ropes', diptyque mortuaire qui vous pétrifie avant de vous entrainer peu à peu dans un puits sans fond. S'il y a bien toujours quelques esprits de mauvaise foi pour trouver Konvent pas suffisamment evil à leur goût, préférant dans le genre, s'enfiler le récent "Ancient Ritual Of Death" de Beast Of Revelation, supergroupe réunissant l'ancien cogneur d'Asphyx, Bob  Bagchus et le légendaire chanteur d'Incantation, John McEntee. Pourtant, "Puritant Masochism" agrège tout ce qu'on aime dans ce death doom morbide et minéral, plombé et suffocant dont les coups de boutoir obsèdent et envoûtent. Franchement, il faut être sourd pour ne pas succomber à des parpaings de l'acabit de 'World Of Gone', Waste' ou 'The Eye' ! Après une seule démo séminale entre les seins, les Danoises enfantent avec "Puritan Masochism" un pur joyau à la gloire d'un death doom bien caverneux.   (04.02.2020)

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