Si vous n'en pouvez plus d'attendre le nouvel album de Katatonia ("City Burials" est annoncé pour avril) ou que vous recherchez le compagnon sonore de vos soirées à ruminer votre spleen, alors nous ne saurions trop vous conseiller de vous jeter sur "Grave Image", deuxième offrande (sans compter deux EPs pour se faire la main) de Deathwhite. Si le tribut qu'ils doivent aux Suédois est gros comme un éléphant dans un couloir, les Américains ne cachent absolument pas cette influence qu'ils revendiquent au contraire. Même visuel blafard, chant misérable (dans le bon sens du terme), même façon de faire vibrer les guitares comme le pinceau obsédant d'une pâle vigie perçant la nuit. Même Dan Swanö a été convoqué pour le mastering. Cette proximité pourrait être handicapante sinon envahissante et il est vrai qu'il semble bien difficile de s'arracher aux souvenirs de "Discouraged One" et de "Tonight's Decision" à l'écoute du successeur de "For A Black Tomorrow" mais ces Américains planqués sous les initiales de l'anonymat ne sont pas avares en très bonnes idées, doués qu'ils sont pour tisser des mélodies engourdies par le désespoir et tout simplement composer d'excellentes compositions. Autant de qualités qui leur permettent de ne pas être réduits au rang de banale copie, aussi saisissante soit-elle.
La première chose qui frappe lors de la défloration de "Grave Image" touche à la beauté des lignes vocales de LM, chanteur sans nom et par ailleurs guitariste. Le timbre pétri de douleur, l'homme se glisse dans la peau du Jonas Renkse le plus mélancolique, ce dont témoignent ce 'No Horizon' déchirant ou le terminal 'Return To Silence' que cisaillent en outre des accords entêtants que ne renieraient pas Anders Nyström. Nul besoin de recourir à des voix caverneuses pour répandre un éther contrit tel un suaire de désespoir, le trio se contente pour cela de ces mélopées dont la force suppliante procure de funèbres frissons. Braconnant également sur les terres des Novembre, Anathema voire Novembers Doom, Deathwhite occupe la place laissée vacante par Daylight Dies, façonnant un gothic doom aux mélodies aussi mornes qu'ensorcelantes. Les Américains proposent un recueil de dix plaintes impeccables, ciselées comme des pièces d'orfèvre où l'élan tragique d'un chant éthéré ankylosé par la tristesse se marie à une partition pétrifiée, prisonnière d'une épaisse gangue de brume. Gemmes ténébreux, les 'Funeral Ground', 'Among Us' et autre 'Words Of Dead Men'' forment les grains d'un chapelet émotionnel imprimant dans la peau d'indélébiles stigmates. Mieux qu'un simple clone de Katatonia, Deathwhite s'impose avant tout avec "Grave Image" comme le grand pourvoyeur d'un gothic doom cireux et désolé qui invite autant à l'introspection qu'à la dépression. (23.02.2020 | Music Waves) ⍖⍖⍖
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