7 avril 2020

Crest Of Darkness | The God Of Flesh (2019)




S'il peut se vanter d'être là depuis (quasiment) le début, comme l'atteste sa date de naissance en 1993, Crest Of Darkness n'en demeure pas moins un éternel second couteau du black metal norvégien, la faute peut-être à une identité hésitante qui l'a vu, au fil du temps et des albums (huit à ce jour), injecter dans son chaudron noir diverses influences, death, gothique, indus... Il reste quand même un "nom", assurance d'un travail de qualité fourni par des musiciens chevronnés. De la formation d'origine ne subsiste pourtant que Ingar Amlien (chant, guitare et basse). Mais depuis l'embauche de l'ancien batteur de Pale Forest, le groupe semble avoir (re)trouvé une certaine stabilité après avoir vu défiler dans ses rangs à peu près tout ce qui rampe au sein de la chapelle norvégienne. Déjà auteur de l'EP "Evil Messiah" (2015) et de "Welcome The Dead" (2016), ce qui est désormais un trio nous offre en ce début d'année "The God Of Flesh" dont nous n'attendions donc rien de particulier, si ce n'est une solide tranche de black/death. Sans plus. Or, à notre grande surprise, c'est un Crest Of Darkness plus en forme que jamais qui se présente à nous, dressant le vit ténébreux d'une créativité insolente. Qu'ils aient décidé de revenir aux fondamentaux, rayant de leur logiciel les ouvertures plus ou moins heureuses vers d'autres styles, n'est pas sans doute pas étranger au regain de réussite affiché par les Scandinaves. 



En jumelant habileté technique éprouvée et retour aux sources, ceux-ci enfantent un huitième méfait d'une abominable efficacité, sombre et tranchant comme une lame de rasoir. Renouant ainsi avec le pur black metal des années 90, glacial et furieux à l'image de ce 'The God Of Flesh' qui, d'emblée, convoque les forces diaboliques au centre d'un sabbat déchaîné, le groupe n'a pour autant pas sacrifié ni son goût pour les mélodies souterraines ('Endless Night') ni son penchant pour un canevas parfois audacieux ('Salvation In Hell'). Demeure intacte également sa manière de corrompre l'atmosphère en répandant une lèpre malsaine et déglinguée comme en témoigne 'The Child With No Head'. Précises à la façon d'un travail d'orfèvre, toutes les compostions qui émaillent cet opus grouillent d'excellentes idées qui les rendent extrêmement dynamiques et affûtées. Elles forment les cavités successives d'un tumulus bestial niché dans les arcanes infernales de la terre. Alors que nous n'espérions (presque) plus rien de lui, Crest Of Darkness réussit la gageure de livrer une de ses meilleures créations à ce jour, riche d'une vitalité tourbillonnante et corrosive. Débarrassés de leurs velléités émancipatrices, les Norvégiens réalisent un retour au black metal authentique garni de leur incontestable savoir-faire et de leur science de la mélodie reptilienne. (12.01.2020 | Music Waves)

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