27 avril 2020

Acid Mammoth - Under Acid Hoof (2020)




Il y a des indices qui ne trompent pas. Heavy Psych Sounds, le label de Gabriele Fioro (Black Rainbows), en est un, gage de gros son, bien gras comme on l'affectionne. Qu'il y ait le mot "mammoth" dans le nom de groupe, aussi, animal évocateur de doom des cavernes. Bref, nul besoin d'être grand clerc pour deviner à quelle sauce Acid Mammoth va nous manger. Velu et pachydermique sera donc son stoner doom. Ajoutons à cela le fait que le groupe est Grec et ce n'est pas seulement le compteur Geiger qui s'affole mais notre érectomètre, la réputation de la péninsule hellénique en matière de poutre n'étant plus à démontrer.  Enfin, ces Athéniens possèdent une particularité : les deux guitaristes, Christos et Chris Babalalis sont père et fils. C'est une histoire de famille. Mais le doom se veut avant tout une histoire de foi plus que de raison. Le genre ne s'explique pas ; il se vit.  Faisant suite à une première enclume éponyme, "Under Acid Hoof" a les veines chargées de cette semence heavy. Pleine de gras et de sueur, la rondelle concentre cinq titres bourrus dont la durée parfois dilatées (entre sept et neuf minutes pour les deux-tiers d'entre eux) ne les rend pas moins intenses et ramassés. S'ils collent au credo établi par Black Sabbath et repris notamment par Electric Wizard avec ce chant de canard enrhumé (assuré par le fiston), ces grattes goudronneuses et cette rythmique préhistorique, les Grecs n'en tirent pas moins leur épingle du jeu, grâce à un habillage tant sonore que visuel (sublime artwork de Branca Studio) et cette patine psyché mais pas trop qui, sans lui limer les griffes, lui donne tout son sel. Démonstration.



Passé un 'Them!' introductif et ivre de fuzz, les choses sérieuses commencent avec 'Tree Of Woe', bûche épique taillée dans le meilleur d'un doom plus psychédélique que réellement stoner. Enorme, la basse donne le LA d'une saillie à la fois écrasante et accrocheuses dont les traits massifs masquent à peine une lointaine fébrilité. Retour à un format plus trapu, 'Tusks Of Doom' n'en fait pas moins honneur à son nom, véritable chape de plomb qui s'abat sur l'auditeur, ravivant les grandes heures du Magicien électrique avec cette façon identique de répandre tel un pesant ressac  ces effluves telluriques. Quant au gigantesque 'Jack The Riffer' (quel titre !), il fait l'éloge du sacro-saint riff. Les quatre musiciens s'y présentent à l'unisson d'une gravité sismique. Le volume poussé à fond, cette saillie fait trembler les murs, arrachant la tapisserie et creusant dans le sol un cratère béant depuis lequel émanent des exhalaisons cosmiques. C'est à genou, prêts à tendre la joue gauche, que nous recevons le terminal morceau éponyme. Soit plus de huit minutes d'un doom pétrifié, lancinant.  Immobile. Capable à lui seul de renvoyer Newton à ses chères études. La messe est (bien) dite par un groupe qui a tout compris au genre dont il récite le credo avec un mélange de dévotion et de force herculéenne. "Under Acid Hoof" peut d'ors-et-déjà être considéré comme un des meilleurs albums de doom de l'année ! (24.02.2020) ⍖⍖⍖


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