Dans un style aussi embouteillé que le metal à chanteuse souligné par un mascara symphonique, la concurrence est rude. Pour y faire son trou, avoir dans ses rangs un beau brin, de fille et de voix, c'est bien, savoir écrire de bonnes chansons, celles qui collent à la mémoire, c'est encore mieux. Jeune pousse teutonne, Nevaria pourrait bien se tailler un nom au milieu de cette rivalité féroce car il détient justement ces deux qualités, comme l'illustre "Finally Free", galop d'essai dont la belle tenue ne laisse à aucun moment poindre le bout d'une quelconque maladresse alors que nous n'attendions pas ces musiciens au pedigree obscur à pareille fête. Non pas que cette troupe originaire de Bayreuth fasse preuve d'une originalité particulièrement débridée, ses influences ne pouvant être ignorées, mais son premier album brille d'un éclat séduisant auquel il parait bien difficile de ne pas succomber. Dans son bustier se glisse une chanteuse idéale pour déclamer ces ritournelles aux mélodies délicates et balayées par un souffle orchestral, Tanja Schneider, dont le trop modeste Dawn Of Destiny, auquel elle participait, ne lui avait jusqu'alors pas permis de s'extraire de sa chrysalide.
Au sein de Nevaria, elle coule ses lignes vocales dans des compositions habilement fignolées qui lui offrent enfin la possibilité de s'épanouir. Parfois accompagnés par des chœurs et des grognements masculins (heureusement) parcimonieux, elle ondule avec grâce et puissance quelque soit le terrain braconné, lourd ('Raise You Fist'), émotionnel (le magnifique 'Drowning'), élancé ('Life') ou boisé à la manière d'un Blackmore's Night (en plus hargneux cependant), à l'image de Black And White', autre bijou accroché à sa parure. Peu importe que les Allemands n'inventent rien, payant un tribut flagrant, autant aux meneurs (Nightwish, Within Temptation) qu'aux suiveurs (Xandria...) car leurs chansons, désirables et racées, ne peuvent que charmer l'amateur. Dans un style où le pompeux guette à chaque recoin, Nevaria a l'intelligence de ne pas trop en faire, privilégiant l'accroche de mélodies gracieuses ('Wind', 'Leaving You') et la justesse de touche (le très beau 'Control') à un maniérisme appuyé. Sorti presque de nulle part, Nevaria frappe d'emblée à la porte des grands du metal sympho avec ce premier album sémillant d'où s'écoule un mélange de fougue et d'émotion. Il ne lui manque qu'une personnalité plus affirmée, qui viendra à n'en pas douter avec les années. Dans ce genre extrêmement balisé, "Finally Free" est une bonne pioche. (21.01.2020 | Music Waves)
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