Kal-El, vous ne connaissez pas (encore) ? Vous avez tort. Derrière ce patronyme étrange se planque un fumeur de pipe à eau venu de Norvège, terre pourtant peu réputée pour sa chapelle stoner. Mais, son manche graisseux planté dans le désert aride américain, vous pourrez chercher longtemps chez ces natifs de Scavenger le moindre morceau de fjord, le plus infime souffle gelé. Au contraire, sa trame brûle comme l'asphalte écrasée de soleil. Depuis 2012 et quatre rondelles (en comptant la petite dernière), le groupe nous balade dans l'espace par le biais d'une imagerie SF old school et sexy plus proche de Perry Rodhan que de Stars Wars. Enrobé d'un fuselage sabbathien, sa navette spatiale est pilotée par le Capitaine Ulven dont la voix de canard enrhumé est taillée pour ce rock caillouteux. A son bord, nous croisons également une cosmonaute, la bassiste Elisabeth Anette Meling Thompsen, atout de charme d'un équipage qui a le gros riff épais chevillé au corps. Cette nouvelle aventure entraîne cette joyeuse bande sur la planète Mars.
Les grincheux ne manqueront pas de souligner que ce quatrième opus ne s'éloigne guère du territoire lourd et stellaire foulé par "Ecosphere" (2015) et "Astrodoomeda" (2017) quand d'autres regretteront (un peu) la présence en fin de parcours de la reprise du 'Cocaine' de JJ Cale, jubilatoire au demeurant mais que le groupe a déjà retransmise. Reste un menu trapu dont les cinq autres pistes ont de quoi satisfaire l'amateur de fumette et de bûches. A commencer par l'énorme 'Anubious', dont le sol, creusé par une basse gourmande, est nimbé d'un coulis moelleux de claviers en fusion échappés d'un vieux Uriah Heep. Autre gros morceau (à tous points de vue), 'Incubator' qui, du haut de ses dix minutes au jus, ne parvient jamais à décoller, les pieds prisonniers d'une gangue de magma. Plus ramassés, 'GG77' distribue un tempo implacable tandis que 'Witches Of Mars' est sillonné de guitares poissées d'un mazout cosmique. Baigné d'effets psychés, 'Moon Unit' allie la force cendreuse du doom aux courbes désertiques du stoner. Kal-El n'invente rien, certes mais il parait pourtant difficile de ne pas se laisser emporter par les récits au goût de pulp dont il est le conteur placide et généreux. (30.12.2019) ⍖⍖⍖
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